Tunisie : C’est la révolution, pas un remaniement !

Il semble que les affidés du RCD (rassemblement constitutionel démocratique, parti de benne Ali) et ses suppôts de l’opposition légale n’ont pas compris le message du peuple.
Le gouvernement intérimaire n’ est qu’une pitoyable mascarade, et, il s’agit plus d’un remaniement ministériel sarkozien que d’une véritable révolution.

En effet, il est composé majoritairement de fidèles au petit général. Le reste étant composé de l’opposition légale, qui a eu un rôle de complice passif pendant la dictature du PDG ( Président Dictateur Général).

La révolution ne doit pas être confisquée par le RCD et ses amis de l’opposition légale !
Elle appartient au peuple et surtout pas à une caste de technocrates minables qui n’ont fait qu’admirer la gomina de benne Ali durant ces dernières années .

Des milliers de Tunisiens manifestent actuellement pour l’abolition du parti des sabre-peuple.
Nous soutenons donc sans retenue ces manifestations qui appellent au départ sans compromis du RCD et de ses séides.

Les travailleurs n’ont pas de pays.
Solidarité internationale avec la lutte du peuple tunisien !

L’imprimante qui permettra de fliquer ses salariés

Canon a bien compris que la paranoïa sécuritaire de certaines entreprises pouvait être un argument de vente à exploiter. D’où la sortie prévue d’Uniflow 5, une nouveau système de gestion d’imprimantes, capable d’empêcher les utilisateurs d’imprimer ou de copier des documents contenant certains mots, grâce à un système de sécurité intelligent basé sur des mots-clés puis de dénoncer leur forfait à l’administrateur réseau.
Uniflow est un système de gestion de documents qui permet, depuis longtemps, de contrôler imprimantes, scanners et photocopieurs de manière centralisée. Cet outil conserve le compte des impressions de chaque utilisateur à des fins de facturation.
La dernière version d’Uniflow possède un système de sécurité intelligent, basé sur des mots-clés. Une fois configuré par un administrateur, le système peut empêcher un utilisateur d’imprimer, scanner, copier ou faxer un document contenant un des mots-clés prohibés, tel que le nom d’un client ou le nom de code d’un projet.
Non seulement l’imprimante peut espionner les documents, mais elle peut aussi dénoncer les salariés fautifs. Après censure d’un document, le serveur envoie par courriel à l’administrateur une copie PDF du document en question, au cas où un utilisateur s’y essaie. Le système peut aussi optionnellement informer l’utilisateur par courriel que sa tentative a été bloquée, mais sans identifier le mot-clé responsable, maintenant ainsi la sécurité du système.
La détection des mot-clés d’Uniflow 5 se base sur un système de reconnaissance optique de caractères (OCR), dont la licence est détenue par la firme belge Iris. Canon Angleterre a confirmé qu’un utilisateur éclairé et déterminé ayant repéré un des mots-clés peut contourner le système en remplaçant une lettre par une autre ou un chiffre ressemblant comme avec « z00 » au lieu de « zoo ».
L’argument de vente est bien entendu la protection de données confidentielles. Tant d’entreprises vivent dans une paranoïa telle qu’elles pensent que n’importe quelle donnée devient sensible. C’est cette paranoïa qui les pousse à inscrire des clauses de confidentialité dans les contrats de travail, qui s’avèrent ridicules bien souvent quand le salarié découvre à posteriori la nature de son travail. Mais les possibilités d’usage sont illimitées. Il suffit d’inscrire comme mot-clés « grève » ou « syndicat » pour briser d’éventuelles velléités de révoltes et identifier les meneurs.

Alors, pour celles et ceux qui voudraient imprimer des tracts d’appel à la grève ou à la création de section syndicale, il sera plus prudent de vérifier à l’avenir sur quelle imprimante, ils pourront bien les éditer.

Source : http://www.itpro.co.uk/627622/canon-promises-keyword-based-document-scanning-and-printing-security-system

Stoppons les « pompiers pyromanes » français !

Ça suffit ! Entre la Côte d’Ivoire, le Niger, l’Algérie et la Tunisie, l’État français a plus que prouvé qu’il n’est bon à rien d’autre qu’à défendre ses propres intérêts politiques et économiques en jetant de l’huile sur le feu ou en soutenant des dictatures.

Et qui peut oublier l’opération Turquoise du Rwanda en 1994, l’opération Licorne en Côte d’Ivoire depuis 2002, le soutien aux Déby, Compaoré, Eyadema, Bongo, Omar Guelleh et autres dictateurs néocoloniaux ?

Et qui peut oublier les présences d’Areva, Bolloré, Bouygues, France Télécom, EDF, Total, etc. dans tous ces pays ; autant de multinationales françaises et de leurs filiales, qui asservissent et exploitent les populations locales, pillent les richesses naturelles et détruisent les terres ?

Il est temps que l’État français se taise et se désengage militairement et politiquement de toutes ses anciennes colonies où elle n’a de cesse, depuis les pseudo-indépendances, de laisser faire voire de soutenir le pire pour conserver son pré-carré politique ou ses intérêts économiques. Il est temps que les multinationales françaises cessent de piller ces pays et d’arroser les
dirigeants locaux pour gagner de nouveaux marchés ou conserver ceux qu’ils ont déjà.
Il est temps que l’État français arrête d’expulser des immigrés qu’il a lui même forcé à quitter leurs pays en soutenant des dictatures ou empêchant tout développement économique et progrès social. Il est temps que les dirigeants français arrêtent de jouer aux innocents humanistes aux mains propres et aux « porteurs de paix ».

Car comment l’État français peut-il s’insurger contre les prises d’otage au Niger, quand Areva surexploite les Nigériens, pille leur uranium et pollue leurs terres sans vergogne ?
Car comment Michèle Alliot-Marie peut-elle oser proposer « le savoir faire, reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité » ? Alors que la police française forme aussi la police haïtienne, la PFP mexicaine ou les OMON russes, entre autres – pays où ne règne pas vraiment la liberté des peuples ?
Comment peut-elle ne faire que « déplorer les violences » en Tunisie et Algérie sans remettre en question son soutien indéfectible à Bouteflika et Ben Ali, que Nicolas Sarkozy n’a de cesse de présenter comme des porteurs de démocratie et de progrès sociaux? Comment encore peut-elle oser dire que « la France n’a pas de leçons à donner » à ces dirigeants, quand elle se permet chaque jour d’en donner à tant d’autres à travers le monde ?
Vraiment il est temps que l’État français se taisent une bonne fois pour toute et retire ses armées, ses bases militaires, ses « aides au développement » et autres outils de conquête néo-coloniale.

La liberté et l’émancipation des peuples ne viendra jamais d’une ingérence extérieure, et surtout pas d’un État au passé et au présent aussi chargé que la France.

C’est à nous, qui résidons sur le territoire français, que revient de lutter aujourd’hui comme hier contre l’État et les entreprises qui poursuivent, sous d’autres formes, la colonisation.

Anticolonialiste toujours, toujours anticapitaliste !

[Fakir] Les prolos du PC

Derriere l'ecran de la révolution sociale.Y a encore vingt ans, les informaticiens, c’étaient les super-bacheliers, l’élite de la Nation. Comment sont-ils devenus, aujourd’hui, des ouvriers de l’écran ? La proie des «marchands de viande»? Aussi maltraités par les « SSII » qu’un manutentionnaire chez Renault ?

Une dizaine d’ordinateurs ronronnent tranquillement : «Tous avec des logiciels libres!», précise très vite Ambroise, dans son « Clic-Cool café », à Toulouse. Un canapé, une table basse, des tableaux accrochés aux murs : on est bien loin des plateformes informatiques.
«C’est que j’en ai été dégoûté», m’explique Ambroise pendant que je touille mon café (forcément équitable). Les grosses entreprises de prestation informatique, il connaît : « J’ai passé cinq ans en SSII dans cinq boîtes différentes. »
Et il en est ressorti usé. Le boulot des SSII – dire « SS2I » pour Sociétés de services en ingénierie informatique –, c’est d’être le sous-traitant de grands clients : les banques, l’industrie, les télécoms, etc. Elles s’occupent de la maintenance des ordinateurs, développent des logiciels et même de l’ingénierie.
«Ma spécialité, c’était le help-desk, poursuit Ambroise, ça veut dire que je dépannais les ordinateurs des clients par téléphone. Mon tout dernier poste, c’était dans une SSII qui travaillait pour les hôpitaux de Toulouse. Avec Xavier, mon collègue, on répondait au numéro d’urgence pour les infirmières et les docteurs qui avaient un problème sur leur ordinateur. Tu raccrochais, et hop, le téléphone sonnait aussitôt. » Sous tension, Ambroise touchait-il un salaire de CSP+ ? « Même pas ! Et, ça a été la goutte qui a fait déborder le vase : quand ma direction m’a refusé une augmentation. Je suis parti alors que je n’avais même pas le droit aux Assedic.» C’est là qu’il mettra définitivement la souris sous le tapis. Pour faire de l’informatique autrement.

Pas de loyer à payer

Dans ces SSII, Capgemini, Assystem, Altran, le turn-over est de 15 % chaque année – contre 8 % ailleurs. Les salaires des ingénieurs y sont parmi les plus bas – quand ces sociétés ne recrutent pas massivement dans le précariat : « La réduction des coûts chez Atos passe par le recrutement… de stagiaires ! » titre Le Monde informatique.
Une main-d’oeuvre qui revient alors à 398,13 € par mois… mais facturée plein pot au client. C’est que ces entreprises sont modernes. à l’avant-garde sociale, même. Elles constituent un petit laboratoire pour le patronat : « En 2003, reprend Ambroise, je me suis retrouvé à travailler dans une SSII pour les assurances Fortis. Comme la majorité de mes collègues, j’ai été placé en régie. » Lui n’a donc jamais mis les pieds ni chez son employeur ni chez Fortis !
« Pour rentabiliser les espaces de travail, j’ai travaillé avec d’autres collègues de ma SSII chez Essilor, le fabricant de verre de lunettes. Et c’est de là que je dépannais en help-desk les ordinateurs de Fortis assurances.» Mais ce n’est pas fini : « Ma SSII a, entretemps, décroché un troisième contrat avec Antargaz. Comme j’avais les compétences, c’est moi qu’on a choisi. Je me suis alors retrouvé chez Essilor à travailler avec un écran Fortis et un autre Antargaz ! » Et bien sûr, Ambroise n’a touché qu’un salaire alors que son patron a vendu deux contrats – sans payer de loyer ! Dans ces SSII, le Medef a donc réalisé son rêve : que les entreprises s’échangent leurs salariés au gré des besoins. Pourtant, « le prêt de main d’oeuvre » – c’est le nom officiel – est rigoureusement interdit, sauf à passer par l’intérim. Avec la régie, les SSII naviguent en pleine illégalité. Mais tranquillement.

Outsourcing offshore

Que s’est-il passé ? Les informaticiens, y a encore vingt ans, c’étaient les superbacheliers, toutes les mamans rêvaient de ce boulot pour leurs fils… et maintenant, les voilà rabaissés à un prolétariat en col blanc.
Alors ?
La démocratisation, d’abord, a joué. (Presque) chaque foyer a désormais un ordinateur, Internet, avec un petit génie dans les neveux et nièces qui bidouillent les « cartes mères » et les « codes sources ». L’informatique a perdu de son mystère, les compétences se sont répandues : elles perdent donc de leur valeur sur le marché. S’y ajoute, en plus, l’«outsourcing ». Les délocalisations, on appelle ça, dans des secteurs moins branchés : « Lancées à plein régime dans la course à la productivité et à la rentabilité, les SSII ont massivement investi dans la construction de centres offshore aux quatre coins de la planète », narre le Journal du Net. Avec IBM qui mise sur l’Inde, HP sur Chine, l’Amérique du Sud, l’égypte, le Maroc, Capgemini qui s’engage à traiter 10 % de chaque dossier en « offshore » – et dispose de 31 entités dans un paradis fiscal. Enfin, pour couronner le tout, les «commerciaux» ont pris le contrôle des boîtes. Ces «marchands de viande» – ainsi les surnomment les informaticiens – possèdent «un portefeuille d’ingénieurs» (sic) qu’ils doivent placer au fil des contrats. Avec une commission à la clé. «Tu te dois d’être docile, raconte un cadre d’Altran. Il prend les décisions pour toi et il a les moyens de pression à sa disposition, comme la mobilité ou les augmentations.» Et s’ils sont mécontents, ils peuvent toujours chercher la DRH : «Alors que dans une usine, vous avez en moyenne un service de ressources humaines pour deux cents salariés, en SSII vous avez un service RH pour deux mille salariés !», compare un secrétaire fédéral CFDT.
Après cinq ans chez ces «marchands de viande», Ambroise s’est donc retrouvé au chômage.
« J’allais à la Maison des chômeurs du Mirail pour mes démarches. Là, ils avaient quelques PC, alors j’ai demandé si je pouvais leur donner un coup de main pour la maintenance. J’y suis devenu bénévole jusqu’à ce qu’ils créent un poste. J’ai été salarié de la maison des chômeurs et j’ai vu qu’on pouvait faire de l’informatique en dehors des SSII, avec des structures plus humaines.»
Le téléphone sonne.
Ambroise décroche : « Allo ?… Oui il reste des places demain pour l’atelier wi-fi, ça dure trois heures. »
Il raccroche et me lance dans un sourire : « C’est qu’on va avoir du monde demain pour apprendre à sécuriser sa connexion wi-fi ! »

Nicolas Séné

Source : article publié dans Fakir N°48, décembre 2010

Élections professionnelles chez Atos Origin : Encore un coup d’épée dans l’eau ?

Atos origin - CNTCette semaine, se tiennent les élections professionnelles pour désigner les délégués du personnel et les membres du comité d’entreprise. La direction d’Atos Origin peut se réjouir de la présence de syndicats dans le groupe pour justifier son image d’entreprise pratiquant le dialogue social.

Pourtant, ce dialogue social n’existe pas chez Atos Origin. Depuis son arrivée à la tête du groupe, Thierry Breton n’a pas cessé d’appliquer implacablement son programme TOP (Total Operational Performance), sans tenir compte de l’avis des salariés du groupe. Après avoir restructuré France Telecom  en y détruisant des emplois par milliers, et en organisant un management qui a déclenché une épidémie de suicides qui a défrayé la chronique, il semble vouloir faire passer Atos Origin à la même moulinette.

Aucune protestation des syndicats et des salariés n’a pu encore briser son autisme narcissique. Toutes les demandes émanant des représentants du personnel, puis des représentants de l’intersyndicale après les journées de grève se sont heurtés à un même mur. Thierry Breton veut continuer son programme de suppression d’effectifs en France, de remplacement de postes en France par des postes offshore, d’arrêts de contrats pour les sous-traitants, de développement du Lean management, et de diverses techniques de management ne faisant que démoraliser les salariés du groupe, de compression de la masse salariale. La liste des motifs de mécontentement chez Atos Origin est devenue interminable. Les salariés d’Atos Origin ne font que se serrer la ceinture (non revalorisation des salaires, difficultés à se faire rembourser les notes de frais, restriction jusqu’au ridicule du matériel  de travail, etc…) pour que Thierry Breton puisse jouer au Monopoly capitaliste comme tout requin de l’économie qui se respecte. Après avoir échoué à racheter la Royal Bank of Scotland, il a réussi à s’offrir Siemens. Sa réputation de grand  prédateur est bien plus importante que la vie des milliers de salariés qui font tourner l’entreprise. Et rien dans ses vœux adressés aux salariés ne présage d’un début de préoccupation pour eux


Dear Colleagues,

As we start 2011, I would like to wish you and your family good health, happiness and success in the year ahead, with particular thoughts for those who have faced a personal misfortune.

For Atos Origin, 2011 will be an important year in the company‘s history. We will continue our transformation program to create a champion in IT services in Europe. In doing so we will create many new opportunities for all our employees and clients.

To ensure our continued success, we must work together to build our future and meet new challenges. I know that I will be able to count on you, and I thank you in advance.

Best wishes,

Thierry Breton,
Chairman and CEO

Outre le fait qu’il ne qu’il semble ne pas vouloir s’abaisser à parler en Français, il montre que son unique préoccupation est de créer un « champion de l’informatique » sans se soucier des conséquences sociales et nous appelle à nous plier à ses décisions.
Cette conception du dialogue social ressemble beaucoup à celle du gouvernement pendant le conflit sur les retraites.

Dans ces conditions, les élections chez Atos Origin ne peuvent servir que d’alibi à la direction. Le seul moyen pour les salariés d’Atos Origin de faire reconnaître leurs droits élémentaires est la lutte et non pas un dialogue de façade pendant lequel la direction écoute les représentants du personnel en pensant « Cause toujours ».

Quelque soit le résultat des élections professionnelles chez Atos Origin, il faudra continuer à se battre pour éviter de passer par pertes et profits !

Communiqué du secretariat international sur la Tunisie

Solidarité avec le peuple tunisienAprès les mobilisations à Gafsa en 2008 et Bengardane en 2010, la Tunisie connaît, depuis plusieurs semaines, un fort mouvement de contestation, premier mouvement de cette ampleur depuis 23 ans et le début du régime de Ben Ali.

La réaction immédiate des habitants de Sidi Bouzid suite à la mort d’un jeune diplômé qui s’est immolé en décembre 2010, acte de désespoir face au harcèlement policier et à la précarité, a été relayée dans plusieurs villes.

Sur l’ensemble du territoire, le peuple tunisien est rapidement descendu dans la rue, en soutien; pour défendre leurs condition de travail, la liberté d’expression, et contre la précarité, la répression et la terreur installée par ce régime policier.

Depuis la rentrée scolaire et universitaire début janvier 2011, ce sont les collégiens, les lycéens, certains enseignants et les étudiants qui ont rejoint la mobilisation des travailleurs, chômeurs et de la jeunesse.

Malgré le silence et la désinformation des médias internationaux, la mobilisation spontanée de la population, soutenue et rejointe par les syndicalistes ne fait que se renforcer et s’étendre. Les Tunisiens sont déterminés à faire entendre leurs revendications concernant leurs conditions de vie et de travail par tous les moyens.

Si la répression des manifestants et des syndicalistes, ainsi que la censure et la désinformation, sont depuis longtemps les méthodes du pouvoir tunisien, Ben Ali et ses sbires ont franchi une nouvelle étape dans la violence de la répression pour étouffer ce mouvement. Les policiers ont dès le début été très présents et l’armée a été très rapidement envoyée dans la rue.
Dès le début de la mobilisation des gazes lacrymogènes très forts ( qui en temps normal sont utilisés contre des animaux ou en situation de guerre) ont été massivement utilisés. Les agressions physiques sur des manifestants et des journalistes, les enlèvements et disparitions se sont multipliés.

Depuis plusieurs semaines la police tire à balles réelles sur les manifestants, faisant un premier blessé grave le 23 décembre 2010, puis de nombreux autres par la suite.

Certaines villes subissent un état de siège comme à Feriana, Tela, et la population est entrée dans une résistance continue depuis plusieurs jours.

Mais depuis la nuit du 7 janvier 2011, c’est un épisode sanglant que vivent les habitants de la région de Kasserine (Tela, Kasserine, Feriana…) et de  la ville de Meknessi (région de Sidi Bouzid).
Ainsi dans la nuit du 7 janvier 5 personnes ont été tuées par balles et 5 autres ont été grièvement blessées à Kasserine.
Dans la nuit du 8 au 9 janvier,  les affrontements dans ces villes ont fait au moins 10 morts suite aux tirs à balles réelles des forces de l’ordre, 9 de source officielle, une vingtaine minimum de sources syndicales et selon la population. Un jeune de 17 ans s’est suicidé en s’immolant à Kasserine.

La Confédération Nationale du Travail – France condamne la violence que subit depuis des semaines le peuple tunisien. Nous dénonçons la politique du gouvernement, qui répond au mouvement des travailleurs par la terreur.
Nous exigeons l’arrêt immédiat des violences et des tueries orchestrées par des forces de
l’ordre, la libération immédiate des personnes emprisonnées ainsi que l’arrêt des poursuites entamées à leur encontre, en raison de leur participation à ce mouvement.

Par ailleurs, il est temps que l’État français condamne clairement la dictature de Ben Ali et qu’il arrête de présenter la Tunisie comme un espace « où les liberté progressent », comme un pays dont la stabilité politique et économique serait un moteur pour le Maghreb.
Les intérêts économiques néocolonialistes de la France ou les arrangements entre les amis Sarkozy et Ben Ali sur la « gestion des flux migratoires » doivent cesser, et l’État français définitivement arrêter son soutien à cette dictature.

La CNT soutient les travailleurs tunisiens dans leur lutte et condamne la répression violente qu’utilise l’État tunisien pour faire taire le peuple, et ceci avec le soutien de l’État français.

Un coup contre l’un d’entre nous est un coup contre tous !

Vive la solidarité internationale !

Toi aussi, construis un monde meilleur avec Guy Mamou-Mani


Guy Mamou-Mani présente le nouveau Syntec… par lfone

Le vibrant appel aux jeunes de Guy Mamou-Mani, le président du Syntec numérique

Guy Manou-Mani et le SyntecAlors toi, le jeune, ne déçois pas Guy Mamou-Mani, et construis avec lui le monde meilleur du Syntec.

Mais, il y a juste quelques petites choses que notre Che Guevara du Numérique a oublié de te dire et que tu dois savoir.

Qui est-ce qui veut instituer des contrats de projets pour se débarrasser des employés dès que leur mission s’arrête ? Les entreprises du numérique

Qui est-ce qui joue la baisse des salaires à tour de bras avec les délocalisations offshore et nearshore ? Les entreprises du numérique

Qui est-ce qui pense qu’après quarante ans, un salarié devient obsolète ? Les entreprises du numérique.

Qui est-ce qui organise le management par le stress sans se soucier de la multiplication des maladies cardio-vasculaires, dépressions et suicides ?

Qui est-ce qui fait du bodyshopping sans se soucier ni du quotidien ni de l’évolution des prestataires ?

Qui est-ce qui joue le turn-over pour éviter d’avoir à payer les avantages dûs à l’ancienneté ?

Qui est-ce qui se livre de façon généralisée au délit de marchandage ?

Qui est-ce qui méprise la durée maximale de travail et la vie privée des salariés ?

Qui est-ce qui passe son temps à baisser à la fois la qualité des produits, la valeur et le sens du travail à force de toujours baisser ses coûts ?

Qui est-ce qui va t’amener à devoir toujours travailler dans l’urgence ?

Les entreprises du numérique !

Mais que sont ces petits inconvénients lorsqu’on a la satisfaction d’apporter sa pierre à l’édifice de ces entreprises porteuses de « valeurs de responsabilités sociétales » ?

Petit lexique de novlangue SSII à l’usage des nouveaux venus dans le métier

Lexique SSIICe lexique est une liste non-exhaustive ayant pour vocation d’être complétée. N’hésitez pas à nous faire des propositions !

Agence web : SSII pas totalement décomplexée.

Après-midi : laps de temps s’écoulant entre le crépuscule et le matin. Ainsi, l’expression : « Tu as pris ton après-midi ? » doit se comprendre « Tu ne restes pas travailler cette nuit ? »

Arbitrage : L’arbitrage ne consiste pas à se déguiser en « homme en noir » sur un quelconque terrain de jeu (football, handball, patinoire…) pour faire respecter et appliquer les règles dudit jeu, mais à sabrer un ou des projets faisant parti(s) de versions ou de lots de livraison planifiés des mois auparavant, propulsant ainsi plusieurs collaborateurs dans l’inactivité quasi-totale et les prestataires et/ou sous-traitants à la porte de leur mission, voir en inter-contrat sans billet retour.

ASAP : ASAP est une interjection employée en fin de phrase par le chef pour signifier qu’il a promis un délai irréaliste au client et qu’il n’a fait aucun planning de charges.

Augmentation : expression vulgaire tombée en désuétude.

Autoformation : l’autoformation est, avec la propal, la principale activité proposée aux prestataires en intercontrat. Il s’agit de réussir à pouvoir faire démarrer un ordinateur des années 70, d’accéder à internet avec un modem 56K pour y télécharger des cours afin de se maintenir à la page au niveau technologique.

Badge : Beaucoup de clients demandent l’utilisation d’un badge pour circuler dans leurs locaux. Les badges des prestataires ont la plupart du temps un aspect graphique qui diffère de celui des internes pour qu’ils n’oublient pas qu’ils sont des Untermenschen. Pour autant, il faut reconnaître qu’aucun client n’a encore osé distribuer des badges en forme d’étoiles.

Bodyshopping : Le bodyshopping est une activité qui consiste  à vendre n’importe quel prestataire sur n’importe quelle mission pourvu qu’il ne soit pas en intercontrat. Bien entendu, le commercial se préoccupe d’abord des désirs d’évolution du prestataire; c’est pour ça que le bodyshopping, c’est toujours une SSII concurrente qui le pratique.

Cadre : statut imposé pour que le salarié s’assoit sur les heures supp’ et découvre les joies de la vie nocturne au travail.

Collaborateur : un collaborateur est quelqu’un qui se donne avec plaisir à son entreprise. Il remplace de vieilles expressions vulgaires comme salarié qui désignait d’abord un percepteur de salaire, ou travailleur qui désignait un fournisseur de travail. Le collaborateur est dans l’entreprise pour développer son épanouissement personnel, alors autant ne pas tomber dans la vulgarité en parlant de travail ou de salaire.

Commercial : vendeur de viande.

Consultant indépendant : Technico-fonctionnel sous-traitant du sous-traitant du sous-traitant à qui l’on fait appel quant le gonogo nogo.

Copil : réunion aux cours desquels, le client qui veut en avoir pour son argent écoute les justifications vaseuses du directeur de projet chargé de lui expliquer pourquoi dans la réalité, le projet ne fonctionne pas aussi facilement que prévu dans les slides, et comment il faut s’y prendre pour pousser les prestataires à cracher de la productivité.

Corporate : Adjectif  désignant une attitude ou une personne adhérant tellement à la culture de l’entreprise qu’elle en perd toute notion critique et pourra ainsi soutenir sans problème que le soleil est bleu, si nécessaire. L’église de scientologie est un modèle d’esprit corporate.

Deadline : la deadline est une date irréaliste à tenir absolument sans quoi les pires catastrophes peuvent se produire. Il ne s’agit pas de répondre à une urgence tel que ce mot est compris dans les services hospitaliers, où seule la vie d’un pauvre quidam est en jeu. Il s’agit beaucoup plus sérieusement d’empêcher le directeur de projet de perdre la face en ne tenant pas les délais qu’il a promis, ce qui est bien plus grave.

Droit d’entrée : D’après certaines études, les prestataires auraient besoin de manger. Les clients ne prenant que très rarement à leur charge les frais de cantine pour les nombreux prestataires, ceux-ci doivent payer un « droit d’entrée » à la cantine s’ils veulent pouvoir faire un repas équilibré.

Entretien annuel : cérémonial souvent imposé par la loi au cours duquel un manager doit essayer de retenir le nom d’un salarié qu’il n’a pas vu depuis un an et qu’il doit faire mine d’évaluer sans lui révéler que le budget prévu pour les augmentations a été décidé depuis belle lurette.

ESN : une SSII.

Focal Point : personne assise sur deux chaises fortement éloignées, dont le strabisme congénital permet à deux entités ne pouvant pas se voir de ne pas communiquer entre elles.

Friday wear : le Friday wear est l’autorisation de retirer le costume-cravate le vendredi pour constater que ça n’a aucun effet sur la productivité, ni sur les relations sociales. L’avantage du Friday wear est que l’on se sent au travail aussi bien que chez soi. Si bien qu’on ne voit même plus la différence quand on vient passer ses week-ends sur son lieu de travail.

Gestion des priorités : méthode permettant de dépiler des tâches suivant des critères rigoureux, rationnels et concertés. Celle-ci permet de se concentrer 5 min sur un sujet ultra prioritaire, jusqu’à ce que votre N+1 débarque avec un sujet archi prioritaire , interrompu par votre N+2 qui vous somme de résoudre sur le champ un incident super hyper trop critique , suivi de votre baby sitter qui vous annonce qu’elle vous fait faux bond à la dernière minute.

Gonogo : Une réunion de gonogo est une réunion dans laquelle les dirigeants d’un projet se réunissent pour décider si la mise en production se fera ou pas, bien que rien ne fonctionne et que la date n’a aucune chance d’être tenue compte tenu de la charge restante et du délai imparti week-ends inclus. Les réunions de gonogo ne doivent pas être confondues avec les réunions de bonobos qui ont des pratiques sexuelles bien différentes et bien plus heureuses.

Grand compte : Le grand compte est une grande entreprise considérée comme la vache à lait par la SSII. Non seulement, le grand compte regorge de liquidités et de besoins, mais il permet au commercial de prospecter un minimum de clients et de faire de jolies plaquettes de présentation de sa société. Le seul problème du grand compte, c’est qu’il peut devenir un client unique qui ferme le robinet du jour au lendemain en créant un afflux de prestataires en intercontrat au siège dont il faudra se débarrasser par tous les moyens.

Ingénieur Qualité : personne qui veut bien s’assoir avec vous et pleurer quand vous lui racontez les difficultés du projet.
Il ne peut rien pour vous. par contre il doit remplir et consolider un tableau excel de 40 onglets montrant que tout est au vert.

Intercontrat : L’intercontrat est la durée qui s’écoule après une mission avant que le commercial ne prouve SES capacités à trouver une nouvelle mission. Plus il est incompétent et plus il cherchera à faire culpabiliser le prestataire en intercontrat en lui faisant croire que c’est de sa faute, qu’il n’est qu’une charge pour l’entreprise et ferait mieux d’aller voir ailleurs, car comme le disent les managers « L’intercontrat, quand il y en a un, ça va, c’est quand il y en a plusieurs que ça pose des problèmes »

Imputation/CRA/timesheet : Chaque semaine, le prestataire doit remplir dans un logiciel souvent archaïque (puisque la plupart d’entre eux ne connaissent pas encore l’activité grève) un compte rendu d’activité (ou CRA ou timesheet) de leur travail de la semaine. Pour la SSII, il s’agit de l’activité la plus importante qu’un prestataire puisse faire au cours de la semaine puisqu’elle permet de facturer la semaine de travail au client. Certains esprits mal tournés se sont demandés pourquoi ils facturaient sur leur CRA, 40 heures de travail par semaine au client alors que leur bulletin de paye indique 37 ou 38 heure, selon leur accord d’entreprise. Il est très malpoli de demander à son commercial qui peut bien empocher la différence.

Junior : Un junior est un jeune diplômé qui vient d’être embauché et qui ne sait pas encore qu’il peut s’asseoir sur les promesses d’augmentation et les perspectives de carrière qu’on lui a fait miroiter.

Lean Management : méthode permettant de prouver scientifiquement qu’un informaticien indien a un salaire inférieur à son collègue français et que le prix du m2 est plus bas à Sarcelles que rue de la paix à Paris.

Matériel informatique : matériel souvent obsolète ne permettant pas son utilisation pour mener à bien les projets hautement technologiques. Certains prestataires sont donc parfois contraints d’acheter leur propre matériel afin de répondre aux exigences de l’évolution technologique et de ne pas se mettre leur N+1 à dos lorsqu’ils ont une mission ASAP a remplir.

Middle management : kamikazes pris en étau entre leur top management archi exigeant et leurs collaborateurs ultra râleurs.

Mobilité : compétence principale du collaborateur, loin devant ses connaissances techniques ou fonctionnelles. Peu importe si le projet n’est pas rentable (surcoût des frais de déplacement) et que le collaborateur est mécontent (pas de vie de famille), le commercial peut toucher sa prime.

Multitâches : méthode moderne de travail permettant de faire mal 10 choses en même temps au lieu de faire bien une chose après l’autre, sous le regard admiratif de sa hiérarchie. Les experts en multitâches peuvent avec une facilité déconcertante bâcler simultanément un mail, un SMS, une conversation téléphonique et 5 sur MSN, tout en finissant leur pizza.

N+1 : le N+1 est le supérieur hiérarchique direct, celui qui vient postillonner au prestataire qu’il faut tout lâcher démarrer un nouveau truc ASAP. Le N+1 a lui-même un N+1 qui est le N+2 du prestataire.

Nearshore : L’offshore donnant souvent des résultats catastrophique, les SSII ont inventé le nearshore pour résoudre certains problèmes liés à ces délocalisations (problèmes de langue, problème de décalage horaire, etc…). Le nearshore ayant le moins d’impacts négatifs sur les projets consiste à imposer des mutations en province aux développeurs avec réductions de salaires puisque la vie est censée y être moins chère.

Organigramme : joli dessin dans l’intranet, permettant de savoir si on a le droit ou pas de répondre des gros mots à la personne qui vient de vous envoyer un mail d’insultes.

Outsourcing : L’outsourcing est l’externalisation des services qui permet aux prestataires de travailler dans des SSII au lieu de subir la routine de travailler en interne chez son client final. C’est grâce à l’outsourcing que le prestataire peut voyager à la découverte des plus riantes zones industrielles, même les plus reculées.

Performance : mot qui décore élégamment les slides, les plaquettes commerciales et les réunions corporate. Souvent accompagné d’une photo de beaux athlètes en pleine action, qui ne sont manifestement pas vos collègues. Ne pas hésiter à accessoiriser avec quelques termes connexes: excellence, innovation, qualité, perfection, invincibilité ou super pouvoirs magiques. Voir aussi slide et corporate.

Plan de sauvegarde de l’emploi : charrette de licenciement.

Planning previsionnel : joli document plein de couleurs, de dates et de flèches (cf slide), dont la principale caractéristique est d’être totalement obsolète avant même d’être diffusé.

PMO : le PMO est un secrétaire de projet qui est convaincu d’avoir les attributions d’un directeur de projet. A la différence de la secrétaire au siège, il ne se charge pas du réconfort psychologique des prestataires, préférant générer lui-même la tension sur les prestataires.

Proactif : Être proactif, c’est aller chercher soi même du travail quand il n’y a rien à faire, ou trouver soi même sa mission quand le commercial n’y arrive pas. Être proactif consiste à faire le travail des autres. Si tout le monde était suffisamment proactif, il n’y aurait pas besoin d’engager autant de monde pour supporter une même charge de travail.

Propal : la Propal est avec l’autoformation, la principale activité demandée aux prestataires en intercontrat. Il s’agit de faire croire aux prestataires qu’ils vont évoluer dans l’entreprise en rédigeant une estimation de charge d’un appel d’offres que personne ne lira, puisque les commerciaux utiliseront leurs réseaux pour avoir les chiffres des concurrents afin de proposer juste un peu moins cher.

Ressources humaines (directeur des) : Personnel (responsable  du). Ce terme de ressources humaines est heureusement en train de tomber en désuétude pour être petit à petit remplacé par le terme plus avantageux de stock humain.

Secrétaire : La secrétaire est le point de contact humain privilégié avec le siège. Elle est en fait le seul être encore humain au siège avec l’infirmière, dont elle partage une partie des attributions, notamment le réconfort psychologique des salariés. Son problème est que, elle n’a personne vers qui se tourner pour confier ses propres malheurs.

Siège : Le siège d’une SSII est le lieu dans lequel le candidat est venu passer son entretien et dont il n’aura plus aucune nouvelle tant qu’il ne sera pas en intercontrat, pour ceux qui ont la chance d’y être affecté. Pour les autres, affectés à des locaux le plus souvent très excentrés lors des intercontrats ou pour les missions en forfait, ils y retourneront à l’occasion de leur fin de contrat, parfois volontaire.

Slide : document powerpoint parfois  très joli à regarder mais la plupart du temps complètement vide de sens. Le slide sert à prendre des décisions stratégiques sur un projet ; c’est aussi un outil de progression managériale. En effet, les SSII raffolant du mécénat aiment promouvoir la fibre artistique de leurs managers en leur offrant des promotions lorsque ceux-ci sont capables de faire les plus jolis slides.

Souplesse : (synonyme flexibilité) Il est fréquent qu’un client demande à un prestataire, s’il sait faire preuve de souplesse. Cette notion n’a aucun rapport avec les aptitudes à la gymnastique. Il s’agit juste de la capacité à être corvéable à merci.

Sous traitant : terme péjoratif pour désigner les sous hommes classés encore plus bas que les prestataires des sociétés intégratrices. Les sous-traitants coûtent tellement cher en facturation qu’il convient de les accabler de travail pour rentrer dans ses frais.

Stagiaire : individu staffé au même titre qu’un consultant débutant mais pour lequel l’employeur fera en sorte de ne pas rembourser la carte de transport, ne pas indemniser les repas ou encore ne pas aménager les horaires.

Syntec : laboratoire d’idées du Medef pour ramener les salariés au XIXeme siècle. Les informaticiens en sont les heureux cobayes.

Team leader : Un team leader est un cocu professionnel. C’est un titre utilisé dans certaines SSII pour que le manager se décharge de son travail sur lui. Le team leader est chargé en plus de son travail sur projet, de venir au siège expliquer à des prestataires dont il a la « responsabilité » qu’ils ont fait du bon travail mais ne pourront pas être augmentés. A défaut de gagner plus que s’il faisait uniquement son travail de prestataire, le team leader a toute la sympathie du manager, et ça lui fait chaud au cœur.

Technico-fonctionnel : la baisse de la qualité des softwares par la compression des coûts a amené à la création d’un nouveau poste : le technico-fonctionnel, un prestataire chargé de coller des rustines en étant capable de faire n’importe quoi par n’importe quel moyen pourvu qu’il puisse travailler dans l’urgence.

Turn over : vitesse à laquelle les salariés fuient l’entreprise quand ils trouvent ailleurs.

Offshore en Inde : Retour sur les tensions américano-indiennes

Obama et l'externalisation des services informatiquesLa fin de l’année 2010 aura été tendue sur les problématiques de l’externalisation en Inde des services informatiques.

Avant les élections de mi-mandat, la pression électorale avait poussé Barack Obama à agir contre le siphonage par les entreprises indiennes des postes d’informaticiens sur le marché américain. Pour cela, il avait décidé de procéder à une très forte augmentation (de 2000 USD à 4300 USD) des coûts des visas professionnels pour les informaticiens indiens. Le but étant de mettre à mal le dumping social des sociétés de prestation indiennes qui envoyaient leurs salariés travailler aux USA en surenchérissant le coût de leurs projets. Les projets délocalisés ayant toujours besoin d’interventions ponctuelles sur site.

Le gouverneur de l’Ohio est allé beaucoup plus loin. Dans cet état qui était indécis pour les élections de mi-mandat, le gouverneur a décrété l’interdiction de tout contrat public avec une entreprise sous-traitant une partie de sa production à l’étranger. Entre la pression des marchés financiers qui poussent les états à l’austérité pour réduire leurs dettes, et le refus de financer des emplois à l’étranger dans des pays qui pratiquent le dumping social, le choix a été fait de faire un bras d’honneur aux marchés.

Bien que ces deux mesures n’agissaient qu’à la marge sur un marché gigantesque, elles s’en prenaient au dogme intouchable du marché libre. Et les géants indiens du secteur regroupés dans leur syndicat le NASSCOM (regroupant entre autres les géants Infosys, Tata Consulting, Wipro et Sayam) ont sorti les griffes, et ont fait pression sur le gouvernement indien pour qu’il saisisse l’OMC si nécessaire.

Une semaine après avoir perdu ses élections de mi-mandat, Barack Obama était en visite d’état en Inde. Le sujet de l’informatique offshore a été abordé en priorité et Obama s’est dégonflé en annonçant l’abandon de ses intentions et sa volonté de renforcer la coopération américano-indienne dans l’informatique.

Le boycott de l’offshore par l’Ohio, est lui toujours en vigueur. Mais pour combien de temps au vu de la pression des marchés pour réduire les dépenses publics ? Quoiqu’il en soit, ces tensions montrent que les travailleurs des pays qui ont encore un niveau de vie et des avantages sociaux à défendre ne veulent plus laisser passer cette course aux délocalisations. Aux USA, ce sujet des délocalisations est tellement prégnant dans tous  les secteurs de l’économie qu’il arrive à prendre toutes les formes quand il se traduit dans l’expression politique, même les pires expressions de paranoïa xénophobe.

Autant nous, membres du syndicat de l’informatique, ne pouvons pas accepter cette course aux délocalisations qui ne sert qu’au dumping social, autant, il ne s’agit pas non plus de boycotter des travailleurs venus des pays à bas coût, mais au contraire, nous nous battons pour une clause de mieux-disant social pour que ces travailleurs puissent bénéficier des mêmes droits et mêmes avantages que les salariés du pays de leur client final afin de faire cesser la spirale qui tire les prix vers le bas.

En France, silence radio sur le sujet des délocalisations. Les délocalisations dans l’informatique, et dans les différents secteurs de l’ingénierie sont pourtant un sujet qui peut devenir explosif. Depuis la fin des Trente Glorieuses, les emplois ouvriers ont  été délocalisés dans un silence assourdissant, donnant l’impression que la classe ouvrière avait disparu.

Pourtant, ce qui motivait l’ouvrier, c’était non seulement à la fois l’espoir d’un changement social profond et à la fois l’espoir de prendre l’ascenseur social pour espérer devenir agent de maîtrise et cadre ou ingénieur maison, fonctions fantasmées comme idéales. Aujourd’hui, ces fonctions apparaissent à nu : déclassement, suicides, etc… La motivation profonde qui pouvait entretenir le système capitaliste est en train de disparaître, ne laissant la place qu’à la gestion par la peur de perdre son emploi. Il s’agit de gérer une société sans espoir avec tout ce que ça implique de perte de vie.
Le silence en France sur le sujet des délocalisations du secteur tertiaire, que ce soit sur la scène politique ou économique, s’explique facilement, outre le fait qu’il est plus facile de gérer par la peur. Pour nos élites, il faut laisser faire la main invisible du marché, et de toute façon, la seule hydre à chasser est l’endettement et le déficit publics. Les salariés, eux, n’ont plus que le fatalisme de leur condition et un sentiment d’inéluctabilité, en ayant l’impression que personne ne peut ou ne veut les défendre. Et malgré le silence officiel, la pression monte, et monte encore, toujours un peu plus.

Qui tirera les marrons du feu ? Si les salariés ne sont pas capables de s’organiser pour agir sur leur destin, il est évident que cette spirale infernale ne pourra amener que des aventures malsaines à se chercher un sauveur providentiel capable de faire régner l’ordre social et un semblant de justice à coup de bottes.