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Les horaires des cadres, une légende urbaine

Faites un test. Demandez à dix ou vingt personnes autour de vous ce qu’il en est du statut de cadre et écoutez leurs réponses, ce sont à peu de choses près toujours les mêmes : « les cadres n’ont pas d’horaires », « quand tu passes cadre, tu ne comptes plus tes heures », « pas d’heures supp’ pour les cadres » etc. Aujourd’hui, le statut cadre est très répandu dans l’informatique, y compris pour des postes où il n’y a personne à encadrer, mais c’est également vrai dans tout le tertiaire et bien au-delà. Toutefois, partout la même méconnaissance effrayante de ce statut, y compris chez les cadres eux-mêmes. Partout la même légende urbaine qui voudrait que les cadres n’aient pas d’horaires.

Ceci est complètement faux. En réalité, seuls les cadres dits « dirigeants » travaillent hors des règles conventionnelles. Cette catégorie est définie par le Code du Travail, article L.3111-2 comme suit : « Sont considérés comme ayant la qualité de cadre dirigeant les cadres auxquels sont confiées des responsabilités dont l’importance implique une grande indépendance dans l’organisation de leur emploi du temps, qui sont habilités à prendre des décisions de façon largement autonome et qui perçoivent une rémunération se situant dans les niveaux les plus élevés des systèmes de rémunération pratiqués dans leur entreprise ou établissement ».

Autant dire que la très grande majorité des cadres n’est pas concernée. Pour cette majorité, les lois sur le temps de travail s’appliquent comme à tous les salariés et elles sont plutôt simples à retenir : la durée quotidienne maximale de 10h (article L.3121-34), la durée légale hebdomadaire de 35h (article L.3121-10) et les durées hebdomadaires maximales de 44h en moyenne sur 12 semaines consécutives (article L.3121-35 et L.3121-36), c’est-à-dire le maximum en prenant en compte les heures supplémentaires. Tout cadre non dirigeant bénéficie de ces réglementations, alors pourquoi ce mythe du cadre sans horaires ?

C’est une croyance qui est probablement due à la notion de convention de forfait, dite aussi forfait annuel. Qu’est-ce donc ? Tout simplement une partie du Code du Travail, articles L.3121-42 et  L.3121-43 plus précisément, qui autorise certains salariés à convenir avec leur entreprise d’un aménagement du temps de travail sous la forme d’un forfait annuel. En bref, les deux parties conviennent que le salarié doit effectuer une durée de travail X sur un an, à répartir relativement librement, c’est ainsi qu’il devient possible de travailler plus de 10h par jour ou plus de 35h par semaine, mais attention, là encore tout n’est pas possible. Signer un forfait ne signifie par que toute législation disparaît.

Pour bien comprendre, il faut tout d’abord distinguer les deux types de forfaits existants : en heures ou en jours. La différence n’est pas négligeable, car dans le cas d’un forfait en heures, les règles de temps de travail demeurent les mêmes, la seule différence étant la possibilité d’aménager son emploi du temps (par exemple 10h de travail un jour, puis 6 le lendemain). Ainsi, la durée quotidienne maximale, la durée légale hebdomadaire et les durées hebdomadaires maximales s’appliquent. Ce n’est pas le cas pour le forfait en jours, où précisément les salariés ne sont pas soumis à ces trois réglementations et peuvent donc effectuer plus de 10h par jour, entre autres. Alors comment un salarié peut-il savoir s’il est concerné ? Très simple : pour être sous le régime d’un forfait, que ce soit en heures ou en jour, il faut que le contrat de travail le stipule clairement ou qu’un avenant à ce contrat de travail, signé par les deux parties, le stipule. À défaut, le salarié n’est pas au forfait. Le statut de cadre n’implique pas automatiquement un forfait, ainsi il est possible de signer un avenant pour passer cadre sans que les horaires soient modifiés.

Et les heures supplémentaires dans cette histoire ? Perdues pour les cadres ? Pas du tout. Les cadres en bénéficient normalement, sauf les cadres dirigeants et les cadres ayant signé un forfait en jours, qui ne peuvent pas y prétendre. Nous sommes donc bien loin du mythe du cadre sans horaires et sans droits (à écouter certains !). Petit bonus à retenir : il est deux lois dont tous les cadres bénéficient, y compris les forfaits en jours, c’est tout d’abord la pause dite « syndicale », de 20 minutes minimum dès que le temps de travail atteint 6 heures (article L.3121-33), et le repos quotidien d’une durée minimale de onze heures consécutives (article L.3131-1), qui empêche donc, par exemple, de reprendre à 9h quand un salarié a terminé la veille à 23h.

Nous voyons bien que les certitudes répandues sur les cadres relèvent de la superstition, née de l’incroyable faculté des salariés à méconnaître leurs droits. Pour ne pas tout accepter de son patron, la meilleure solution reste encore de s’informer sur le droit du travail, mais aussi sur sa convention collective et l’accord de réduction du temps de travail de son entreprise, qui améliorent presque systématiquement la base qu’est le Code du Travail, même dans le cas d’une convention aussi déplorable que la SYNTEC… Il est plus que temps que les cadres se penchent sur leurs droits, premier pas vers une nécessaire révolte, car, quoique puisse leur souffler leur naïveté ou leur orgueil, ce sont des travailleurs comme les autres.

Guillaume, Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT

Logica annonce 1300 supressions de poste en Europe

Dans toutes les SSII, les managers font comprendre aux travailleurs que l’air du temps est au serrage de ceinture parce que c’est la crise, qu’elle est mondiale et qu’on ne peut rien y faire puisque les clients repoussent leurs projets d’investissements. Ce qu’ils ne disent pas, c’est que la crise, c’est quand il n’y a plus d’argent une fois qu’ils se sont servis à coup de bonus, de stock-options ou de parachutes dorés et qu’ils ont servis les actionnaires.

Chez Logica, cette  logique purement boursière est au moins assumée. Logica ne se donne même plus de la peine de faire croire que l’entreprise est au bord du gouffre puisqu’elle annonce que si elle supprime 1300 emplois en Europe, ce n’est que pour hisser la marge au dessus de 6,5% du chiffres d’affaires au second semestre 2012.

Au moment où Logica annonce ce plan de restructuration (comprendre la suppression massive de postes et l’accélération de l’automatisation et des délocalisations), le président du Syntec Guy Mamou Mani continue à nous asséner ses propos lénifiants sur une année 2012 qui continuerait à être marquée par une pénurie d’informaticiens. Qui se moque de nous ? Logica, le Syntec, ou les deux ?

Logica illustre parfaitement la SSII type dénoncée par la récente étude du Pôle emploi. Dés qu’un rebond apparait dans un secteur, l’entreprise n’est plus à même d’y répondre parce que n’ayant pas de politique à long terme de gestion des carrières, elle préfère choisir le turn-over par toutes sortes de moyens (soit en poussant à la démission, soit en licenciant) plutôt que d’investir dans les compétences de ses salariés par de véritables politiques de formation, de promotion et de progression salariale. La seule stratégie de Logica sur le long terme consiste à pousser de plus en plus le départ des emplois vers des pays à bas coûts dans lesquels les salariés n’ont pas de droit du travail, cassant ainsi de plus en plus en France, le marché de l’emploi, le niveau des salaires, les conditions de travail.

Face à ce rouleau compresseur dopé par la peur de la crise, nous devons nous unir et nous organiser pour défendre nos intérêts avant qu’ils ne soit trop tard pour ne pas définitivement sombrer comme ont déjà sombré de nombreux autres secteurs d’activité. Ce n’est pas en restant isolés que nous pourrons établir un rapport de force avec des entreprises de cette taille. Parce que ce qu’oublient les dirigeants de ces SSII, c’est que leurs entreprise ont bien plus besoin de leurs salariés que des actionnaires pour fonctionner. Et les salariés ont le pouvoir de le leur rappeler.

Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT

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[Nicolas Séné] Petite escapade touristique dans l’informatique parisienne

Plaque Syntec

Photo de vacances : plaque commémorative du patronat triomphant

Les vacances d’été à peine débutées, me voilà parti à la capitale pour cinq jours de tourisme dans le milieu de l’informatique parisienne. Au programme : une escale au Syntec numérique et un séjour à la CNT. Deux visions totalement différentes de la vie sociale dans l’informatique.

La période estivale est propice aux visites, à la farniente et aux rencontres. Mes vacances ont débuté par un petit périple touristique à Paris où j’ai fait un tour très incomplet de l’informatique. « Bonjour Monsieur Séné,  Guy Mamou-Mani et Laurent Baudart, respectivement Président et Délégué Général de Syntec numérique, souhaiteraient vous rencontrer. Si cette proposition vous agréer, auriez-vous la gentillesse de me contacter ou de me mettre en contact avec votre assistante afin de convenir d’un rendez-vous ? » Tel est le courriel que j’ai reçu le 3 mars dernier de la part de la secrétaire du Syntec numérique. Une invitation surprenante pour un organisme qui avait toujours refusé de répondre à mes questions. Mais les temps changent…

Laurent et Michaël, les petites mains des grands patrons

Mon circuit touristique a donc commencé par une visite guidée du Syntec numérique, l’organisation patronale située dans le XVIème. Mon guide attitré, Laurent Baudart, est le secrétaire général du syndicat. Il gère quinze personnes qui assurent l’intendance de l’organisation. Après avoir avalé mon café « What else? », il prend du temps pour me présenter l’équipe qui évolue dans un open-space central. Il vient du monde de l’entreprise et a réorganisé le Syntec numérique à l’image des sociétés qu’il représente en en donnant une image moins hiérarchique.

Il m’explique ensuite les activités du Syntec numérique. ça se passe en toute simplicité et l’échange est horizontal : il me traite à égal et joue sur l’humain avec ses origines modestes, son côté papa inquiet et en me demandant si j’arrive vraiment à gagner ma vie avec le journalisme. Manager un jour, manager toujours… Quand j’avance sur des questions plus concrètes et précises, il me renvoie dans les pattes de Michaël Hayat, le délégué aux affaires sociales.

Sans que rien ne soir préparé, ce dernier prend lui aussi le temps de répondre à mes questions et de démonter point par point, chiffres à l’appui, les contradictions que je lui apporte : l’homme est intelligent et la technique est rodée. Je conserve pour le moment la teneur de nos échanges qui me seront utiles pour des articles ultérieurs. Je quitte les locaux patronaux sur la promesse d’une rencontre avec LE patron numérique : Guy Mamou-Mani. Et, je prends le chemin de la CNT.

Salah, Karine et les autres, les idées pour changer les choses

Après avoir rencontré des experts du secteur qui me poussent à continuer mon travail sur les SSII, je me dirige dans le XXème arrondissement. Ancien entrepôt repeint en rouge et noir, je repère facilement les locaux de la CNT. Salah et ses camarades du syndicat de l’informatique m’ont invité pour un débat. Ici, pas d’open-space : chaque syndicat dispose d’une toute petite pièce pour mener ses actions. Le débat s’est fait conjointement avec Alexandre Des Isnards et Thomas Zuber, les auteurs de « L’open space m’a tuer « et « Facebook m’a tuer ». Aucune hiérarchie dans le débat : dans le public, chacune et chacun prend la parole au même titre. L’échange horizontal est franc et massif.

L’après-midi se passe avec des points de vue qui se confrontent, des témoignages poignants sur la réalité en SSII qui met à mal le marketing des grands groupes. On n’est loin de la thérapie de groupe car les alternatives existent, seule leur mise en place reste compliquée. Pendant les concerts, autour d’une bière, je parle avec un ingénieur de chez Atos-origin qui se pose la question de savoir s’il ne faudrait pas adapter le syndicalisme au mode projet. L’idée me plaît bien. Il y a aussi ce jeune ingénieur qui revient d’une année en Australie où il a parcouru le pays en van. Il développait son projet dans l’informatique dans les bibliothèques. Je rencontre Jean-Yves, ancien cadre à La Poste, qui sort d’un burn-out (épuisement professionnel, NDLR) et qui retrouve un écho à ce qu’il a vécu dans ce qui se trame dans l’informatique. Karine n’a aucun doute sur le fait que l’on peut mener la contestation face au patronat. Pour cela, il faudrait déjà s’unifier en façade même si on n’est pas forcément d’accord sur tout, me raconte-t-elle. De tout cela, on en parlera deux jours après sur Radio Libertaire.

Ce petit périple syndical des deux côtés de la ligne sociale a été l’occasion de confronter les idéologies. La première est feutrée et sans accroc, quasiment indolore. La seconde, libertaire, joyeuse et pas toujours bien organisée. Certes, malgré d’éventuelles dissensions, les patrons gardent le cap et gagnent parce qu’ils sont organisés. Alors, pour renverser la tendance, à quand une grande union de fond de la CGT, la CNT, l’Unsa et les autres ? Mais, il est vrai que c’est à ce moment que le rapport de force commencerait à s’inverser…

Source : Derrière l’écran de la révolution sociale, le blog de Nicolas Séné.

L’informatique retirée de la liste des métiers ouverts aux étrangers

Par un arrêté du 11 août 2011 des ministères de l’Intérieur et du Travail, la nouvelle liste des métiers ouverts aux étrangers non européens a été mise à jour. Alors que cette liste était auparavant composée de 30 métiers, la nouvelle version en vigueur n’en comporte désormais plus que 14. Les métiers de l’informatique ont notamment disparu de la nouvelle liste sauf pour les « experts ».

Déjà au printemps dernier, Claude Guéant et Xavier Bertrand avaient annoncé leur volonté de restreindre l’immigration légale de travail dans l’industrie informatique. Guy Mamou Many, le grand Mamamouchi du Syntec et les dirigeants des grandes SSII avaient alors pris d’assaut la presse spécialisée et la presse généraliste pour crier à la mise à mort du secteur informatique.

A les croire, les SSII joueraient ainsi leur survie contre de multiples dangers. Il y aurait une prétendue pénurie d’informaticiens en France. Cette soit disant pénurie empêcherait les SSII de répondre à des appels d’offre, et donc ouvrirait en grand la porte aux solutions offshores.

Cette pénurie de main d’œuvre entraînerait de plus une surenchère insoutenable des salaires.

Mais de qui se moque les dirigeants du Syntec et des SSII ? Dans quel monde vivent ils ?

Il serait bien temps en effet qu’il y ait une surenchère des salaires.  Depuis combien de mois déjà entend on parler de la reprise dans le secteur et des cahiers de commande surchargés ? Combien de SSII ont gelé les salaires depuis des années et des années en prétextant de la crise, alors que le coût de la vie n’a cessé d’augmenter, prolétarisant encore un plus les informaticiens ?

Les gels de salaires sont devenus tellement courants que de plus en plus de SSII se sont retrouvées face à des conflits sociaux à répétition alors que la culture des informaticiens les avaient toujours éloignés des luttes sociales jusqu’à présent.

Quelle est cette prétendue pénurie de main d’œuvre alors que le Pôle emploi est plein d’informaticiens au chômage ? Alors que les sièges des SSII sont remplis de salariés en intercontrat ? Peut être ceux-ci n’ont pas les compétences techniques pour répondre aux nouveaux besoins des clients, alors que les nouveaux projets sont repartis de plus belle.  Mais pourquoi, les SSII ont-elles alors toujours autant de mal à former leurs salariés aux nouveaux besoins, alors qu’elles vendent très souvent au cours de leur recrutement leur volonté de formation permanente aux nouveaux embauchés ?

Quand les SSII cesseront elles ce chantage permanent à l’offshore, dont la menace est très difficilement vécue au quotidien par les salariés ? Comment le Syntec ose-t-il nous faire croire que la course à l’offshore va être accélérée par les augmentations de salaires ? Le Syntec n’a pas attendu la reprise pour faire à l’offshore et délocaliser massivement les projets informatiques dans les pays à bas coût. Cela fait des années et des années que les SSII tirent les coûts vers le bas au détriment non seulement de la qualité des services fournis mais aussi des conditions salariales.

Si le Syntec se préoccupait réellement des relations sociales dans l’informatique au lieu de se vivre uniquement comme un outil de lobbying économique, il saurait que la surenchère des salaires est attendue avec énervement par les salariés, qu’ils sont par ailleurs demandeurs de formations que leurs entreprises refusent très souvent sous divers prétextes afin de réduire les frais généraux, que l’offshore est vécu comme une menace induisant toutes sortes de risques psycho-sociaux, comme le stress, et de plus en plus souvent, le suicide au travail.

Nous refusons de nous laisser enfermer entre le choix du patronat qui ne voit l’immigration que du point de vue du profit capitaliste et les relents nationalistes du gouvernement.

L’immigration doit rester un choix correspondant à un projet de vie personnel, et non pas l’outil d’une stratégie patronale de pression sur les salaires et les conditions de travail en période de réamorçage de reprise. Nous rejetons ces discours qu’il viennent du patronat ou des nationalistes qui ne visent qu’à mettre en concurrence les salariés entre eux, alors que leurs intérêts les amènent à se battre contre un seul et même adversaire : le patron et les actionnaires. Aussi, nous préférons avoir une vision coopérative des rapports entre les salariés au travail.

Ce sont les patrons et les actionnaires qui ont déclaré la « guerre économique », et qui s’en attribuent les profits en regardant les salariés se mettre en concurrence dans un dumping social sans fin. Nous sommes les pacifistes et les déserteurs de cette guerre. Nous luttons contre ceux qui l’ont déclenchée et contre ceux qui l’attisent en nous dressant contre d’autres travailleurs. Nous n’accepterons jamais que les immigrés soient vus comme des boucs émissaires de cette situation, tout comme nous ferons tout pour qu’aucun salarié, quelque soit son origine ou son histoire personnelle ne tire les salaires vers le bas, en acceptant un salaire trop bas.

Alors, non, ce n’est pas à Guy Mamou Mani et ses sbires d’aller faire leur marché aux colonies, et nous n’attendons pas non plus de Claude Guéant qu’il empêche à des travailleurs compétents de venir chercher de meilleures conditions financières et sociales en France en essayant de nous faire croire qu’il cherche à préserver les emplois et les salaires des Français, alors qu’il n’est qu’une fois de plus dans la surenchère xénophobe à la remorque du Front National à la veille d’une campagne électorale qui sent déjà le rance, comme il en est déjà coutumier. Si Claude Guéant avait  vraiment l’intention de défendre nos intérêts, il ne cautionnerait pas la politique destructrice d’emploi du gouvernement auquel il appartient (défiscalisation des heures supplémentaires, réduction des commandes publiques, immobilisme devant  la répartition de plus en plus injuste des profits obtenus des gains de productivité,  etc…) C’est aux travailleurs eux même de choisir où ils veulent exercer leur métier. Et ça ne nous empêchera d’aller arracher à nos patrons les augmentations qui nous sont dues parce que nous savons parfaitement comment nos dirigeants d’entreprise savent capter pour jouer au Monopoly industriel et financier.

Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT

Le refus de mission et l’article 8 du Syntec

Depuis le début de la crise économique, les promesses tenues oralement lors de l’embauche ont volé en éclat, et les discours préformatés des recruteurs sur les missions gratifiantes et la politique de ressources humaines vouée aux desiderata d’évolution de carrière des salariés sont devenus nuls et non avenus.

Très loin des arguments de vente des chargés de recrutement, les commerciaux et autres responsables du staffing, se sont lancés dans une politique avec un seul objectif : réduire au maximum le stock d’intercontrats dans l’entreprise,  en adoptant une politique du « je-place-n’mporte-qui-sur-n’importe-quelle mission-pourvu-qu’il-ne –soit-plus-en-incontrat-demain-matin », soit pour faire rentrer un peu d’argent dans les caisses, soit pour pousser les salariés en intercontrat à la démission en leur proposant des missions ingrates (l’un n’empêchant pas l’autre).

Beaucoup de salariés des SSII se sont vus ainsi proposer des missions, soit avec des tâches déqualifiantes par rapport à leur contrat de travail, soit dans des conditions de déplacement absolument intenables.

Jusqu’à, il y a peu, il était possible, de refuser une, voire plusieurs missions sans que ça ne prête immédiatement à conséquence. Mais tout ceci a changé grâce à l’article 8 de la convention du Syntec.

Cet article stipule : « Si par suite de circonstance particulières résultant de la situation du travail dans l’entreprise, un salarié se trouve amené à assumer temporairement, dans des conditions de durée précisées à l’avance par écrit, n’excédant pas six mois, et sans diminution de sa classification, ni diminution de ses appointements, une fonction inférieure à celle qu’il assume habituellement, le refus de l’intéressé d’accepter cette fonction temporaire équivaut à une démission de sa part ».

Ainsi, malgré la légende tenace sur les refus des missions qui peuvent s’accumuler jusqu’à ce qu’un licenciement puisse être envisagé par la SSII, il est possible pour l’entreprise d’imposer maintenant n’importe quelle mission à n’importe quel salarié, comme aller faire la cueillette des cornichons au fin fond de la Sologne. Cette disposition est d’autant plus vicieuse que le refus de la mission n’entraîne pas un licenciement, mais est considéré comme une démission de facto, avec tout ce que cela implique comme perte de droits aux allocations chômage.

Lorsqu’une telle mission est proposée, il est important de ne pas se laisser faire. Avant d’accepter de signer un tel ordre de mission, il y a plusieurs points à vérifier pour qu’un tel ordre de mission soit valide : celui-ci doit stipuler qu’il a été rédigé en référence à cet article 8, que la mission ne peut pas excéder 6 mois, en tenant compte d’une éventuelle prolongation. Tout dépassement, ne serait ce que d’une journée, peut être attaqué devant les prud’hommes. Au moindre doute, la meilleure attitude à adopter est de se renseigner auprès d’un syndicat pour connaître ses droits avant de signer un tel ordre de mission.

Tant que cet article 8 sera présent dans la convention collective, le président du Syntec Guy Mamou-Mani aura beau jeu de jouer au représentant de l’industrie du futur, nous saurons tous que sa politique sociale n’est qu’un retour au 19ème siècle.

Toi aussi, construis un monde meilleur avec Guy Mamou-Mani


Guy Mamou-Mani présente le nouveau Syntec… par lfone

Le vibrant appel aux jeunes de Guy Mamou-Mani, le président du Syntec numérique

Guy Manou-Mani et le SyntecAlors toi, le jeune, ne déçois pas Guy Mamou-Mani, et construis avec lui le monde meilleur du Syntec.

Mais, il y a juste quelques petites choses que notre Che Guevara du Numérique a oublié de te dire et que tu dois savoir.

Qui est-ce qui veut instituer des contrats de projets pour se débarrasser des employés dès que leur mission s’arrête ? Les entreprises du numérique

Qui est-ce qui joue la baisse des salaires à tour de bras avec les délocalisations offshore et nearshore ? Les entreprises du numérique

Qui est-ce qui pense qu’après quarante ans, un salarié devient obsolète ? Les entreprises du numérique.

Qui est-ce qui organise le management par le stress sans se soucier de la multiplication des maladies cardio-vasculaires, dépressions et suicides ?

Qui est-ce qui fait du bodyshopping sans se soucier ni du quotidien ni de l’évolution des prestataires ?

Qui est-ce qui joue le turn-over pour éviter d’avoir à payer les avantages dûs à l’ancienneté ?

Qui est-ce qui se livre de façon généralisée au délit de marchandage ?

Qui est-ce qui méprise la durée maximale de travail et la vie privée des salariés ?

Qui est-ce qui passe son temps à baisser à la fois la qualité des produits, la valeur et le sens du travail à force de toujours baisser ses coûts ?

Qui est-ce qui va t’amener à devoir toujours travailler dans l’urgence ?

Les entreprises du numérique !

Mais que sont ces petits inconvénients lorsqu’on a la satisfaction d’apporter sa pierre à l’édifice de ces entreprises porteuses de « valeurs de responsabilités sociétales » ?

Syntec et les 35 heures

35 heures dans l’informatique : l’esclavage par la flexibilité

Le 22 juin 1999 le SYNTEC et le CICF (organismes patronaux) ont signé un accord national sur la durée du travail avec la C.G.C. (syndicats de cadres) et la C.F.D.T.
La loi sur les 35 heures, sensée créer des emplois, trouve ici une application qui satisfait au mieux les patrons : flexibilité et annualisation en sont les points forts, et la création d’emplois n’est qu’un prétexte.

Le préambule rappelle que l’objectif est la « réduction du chômage ».
Dans notre société, le chômage est une aberration, et nous luttons pour son élimination, par une réduction massive du temps de travail et le changement des structures (hiérarchiques…) et objectifs des entreprises.

La durée de travail hebdomadaire sera de 35 heures, à compter de l’application de la loi. Mais l’annualisation et la modulation en font une durée virtuelle. L’accord prévoit que nous pourrons travailler, en toute légalité, jusqu’à 46 heures  par semaine !

Il est dit que l’’accord sera appliqué, et les salariés en « seront informés » : la réduction du temps de travail doit selon nous être appliquée d’une façon simple : mise en place de la semaine de 30 heures, sur 4 jours, pour tous, sans réduction de salaire ni aucune autre contrainte pour le salarié et avec embauches correspondant à la diminution du temps de travail. Si, dans une entreprise, les salariés souhaitent d’autres modalités (comme des jours de congés supplémentaires correspondant à la semaine de 30 heures, ou bien une semaine de 5 jours à 30 heures) cela doit se décider en assemblée générale des salariés. C’est à nous d’’informer le patrons de la façon dont nous voulons travailler, pas le contraire !

Le taux horaire à ne pas dépasser annuellement prévu par l’accord est de 1610 (un décompte correct conduit à 1589 heures) : c’est une des conditions de l’annualisation qui concrétise la flexibilité. Le taux horaire à ne pas dépasser doit selon nous être journalier.

L’accord définit le « travail en autonomie », qui touche ceux qui ont le statut d’ingénieurs et de cadres. Dans ce cas, il est prévu qu’il n’y ait pas de décompte salarial des heures de travail. Les dépassements sont pris sur les « compte-temps », qui pourront être utilisés lors des périodes de faible activité : cela à pour conséquence qu’il sera impossible de gérer le temps libre généré par la baisse du temps de travail.

Le salaire forfaitaire définit une rémunération fixe quel que soit le taux hebdomadaire de travail. Le maximum étant de 219 jours annuels, ce qui correspond à 8 jours de récupération, alors que les 35 heures devraient en apporter 23.

Afin de préserver la productivité, l’aménagement du temps de travail se fera sur l’année, c’est à dire par l’annualisation du temps de travail.
On recherche la « productivité globale » grâce à la « souplesse », c’est à dire la flexibilité.
Les entreprises appliqueront la réduction du temps de travail tout en « modulant sur l’’année » : les périodes de sous et de suractivité se compenseront sur 12 mois.
Les variations d’’horaires de travail pourront être annoncées 8 jours à l’’avance.
Dans ce cadre, le concept d’’heures supplémentaires (comme étant des heures exceptionnelles  payées plus) disparaît.

La durée maximum de travail sur une semaine sera de 46 heures et de 43 heures si le travail est compté sur 12 semaines.
Le compte de temps disponible pourra être débité par le patron, lors des périodes de sous activité. Il pourra également l’être à l’occasion de formations.
Nous revenons progressivement au concept féodal de « journalier », ou l’on ne sait pas quelle sera la charge de travail la semaine suivante. S’il y a du travail, cela peut aller jusqu’à 46 heures par semaine. S’il n’y en pas, nous resterons chez nous sans avoir la possibilité de planifier quoi que ce soit à l’avance. Mais le patron pourra planifier à notre place, en nous envoyant en formation sur notre temps libre, alors que la formation est typiquement ce qui augmente la « productivité globale » de l’entreprise, et doit donc se faire pendant les heures de travail.

L’objectif avoué des patrons est de réduire le temps de travail sans porter atteinte à la productivité des entreprises, à leurs gains… qui sont loin d’être les nôtres. La réalité de cet accord est qu’il permettra même de l’accroître sur le dos des salariés. Tout le texte suinte de l’idée que ce qu’il faut préserver et améliorer à tout prix est la productivité, alors que l’on embauchera uniquement « chaque fois que possible ».
Cet accord révèle ce qu’est réellement la réduction du temps de travail : un alibi et un prétexte pour faire passer la flexibilité comme méthode de travail. Cela ne coûtera pas grand chose aux patrons et fera de notre vie une activité entièrement articulée autour de leur bon vouloir. Les chômeurs, eux, restent le prétexte. Le plus surprenant est que certaines des organisations signataires osent se nommer « syndicats ».
C’est la logique même d’une recherche effrénée de rentabilité que nous remettons ne cause. Nous devons imposer le fait de travailler moins, tous et autrement.
On voit ou mène la négociation sans rapport de force. La réduction du temps de travail doit s’obtenir par la lutte. Les patrons ne comprennent que ça.

Le Syndicat de l’Industrie Informatique dénonce cet accord, et s’opposera chaque fois que possible à son application, en refusant la flexibilité et en proposant des solutions alternatives. Nous engageons tous les salariés du secteur informatique à prendre connaissance du texte de l’accord et à s’organiser au sein des entreprises pour imposer une réduction du temps de travail qui crée des emplois et améliore réellement notre vie.