[Nicolas Séné] Petite escapade touristique dans l’informatique parisienne

Plaque Syntec

Photo de vacances : plaque commémorative du patronat triomphant

Les vacances d’été à peine débutées, me voilà parti à la capitale pour cinq jours de tourisme dans le milieu de l’informatique parisienne. Au programme : une escale au Syntec numérique et un séjour à la CNT. Deux visions totalement différentes de la vie sociale dans l’informatique.

La période estivale est propice aux visites, à la farniente et aux rencontres. Mes vacances ont débuté par un petit périple touristique à Paris où j’ai fait un tour très incomplet de l’informatique. « Bonjour Monsieur Séné,  Guy Mamou-Mani et Laurent Baudart, respectivement Président et Délégué Général de Syntec numérique, souhaiteraient vous rencontrer. Si cette proposition vous agréer, auriez-vous la gentillesse de me contacter ou de me mettre en contact avec votre assistante afin de convenir d’un rendez-vous ? » Tel est le courriel que j’ai reçu le 3 mars dernier de la part de la secrétaire du Syntec numérique. Une invitation surprenante pour un organisme qui avait toujours refusé de répondre à mes questions. Mais les temps changent…

Laurent et Michaël, les petites mains des grands patrons

Mon circuit touristique a donc commencé par une visite guidée du Syntec numérique, l’organisation patronale située dans le XVIème. Mon guide attitré, Laurent Baudart, est le secrétaire général du syndicat. Il gère quinze personnes qui assurent l’intendance de l’organisation. Après avoir avalé mon café « What else? », il prend du temps pour me présenter l’équipe qui évolue dans un open-space central. Il vient du monde de l’entreprise et a réorganisé le Syntec numérique à l’image des sociétés qu’il représente en en donnant une image moins hiérarchique.

Il m’explique ensuite les activités du Syntec numérique. ça se passe en toute simplicité et l’échange est horizontal : il me traite à égal et joue sur l’humain avec ses origines modestes, son côté papa inquiet et en me demandant si j’arrive vraiment à gagner ma vie avec le journalisme. Manager un jour, manager toujours… Quand j’avance sur des questions plus concrètes et précises, il me renvoie dans les pattes de Michaël Hayat, le délégué aux affaires sociales.

Sans que rien ne soir préparé, ce dernier prend lui aussi le temps de répondre à mes questions et de démonter point par point, chiffres à l’appui, les contradictions que je lui apporte : l’homme est intelligent et la technique est rodée. Je conserve pour le moment la teneur de nos échanges qui me seront utiles pour des articles ultérieurs. Je quitte les locaux patronaux sur la promesse d’une rencontre avec LE patron numérique : Guy Mamou-Mani. Et, je prends le chemin de la CNT.

Salah, Karine et les autres, les idées pour changer les choses

Après avoir rencontré des experts du secteur qui me poussent à continuer mon travail sur les SSII, je me dirige dans le XXème arrondissement. Ancien entrepôt repeint en rouge et noir, je repère facilement les locaux de la CNT. Salah et ses camarades du syndicat de l’informatique m’ont invité pour un débat. Ici, pas d’open-space : chaque syndicat dispose d’une toute petite pièce pour mener ses actions. Le débat s’est fait conjointement avec Alexandre Des Isnards et Thomas Zuber, les auteurs de « L’open space m’a tuer « et « Facebook m’a tuer ». Aucune hiérarchie dans le débat : dans le public, chacune et chacun prend la parole au même titre. L’échange horizontal est franc et massif.

L’après-midi se passe avec des points de vue qui se confrontent, des témoignages poignants sur la réalité en SSII qui met à mal le marketing des grands groupes. On n’est loin de la thérapie de groupe car les alternatives existent, seule leur mise en place reste compliquée. Pendant les concerts, autour d’une bière, je parle avec un ingénieur de chez Atos-origin qui se pose la question de savoir s’il ne faudrait pas adapter le syndicalisme au mode projet. L’idée me plaît bien. Il y a aussi ce jeune ingénieur qui revient d’une année en Australie où il a parcouru le pays en van. Il développait son projet dans l’informatique dans les bibliothèques. Je rencontre Jean-Yves, ancien cadre à La Poste, qui sort d’un burn-out (épuisement professionnel, NDLR) et qui retrouve un écho à ce qu’il a vécu dans ce qui se trame dans l’informatique. Karine n’a aucun doute sur le fait que l’on peut mener la contestation face au patronat. Pour cela, il faudrait déjà s’unifier en façade même si on n’est pas forcément d’accord sur tout, me raconte-t-elle. De tout cela, on en parlera deux jours après sur Radio Libertaire.

Ce petit périple syndical des deux côtés de la ligne sociale a été l’occasion de confronter les idéologies. La première est feutrée et sans accroc, quasiment indolore. La seconde, libertaire, joyeuse et pas toujours bien organisée. Certes, malgré d’éventuelles dissensions, les patrons gardent le cap et gagnent parce qu’ils sont organisés. Alors, pour renverser la tendance, à quand une grande union de fond de la CGT, la CNT, l’Unsa et les autres ? Mais, il est vrai que c’est à ce moment que le rapport de force commencerait à s’inverser…

Source : Derrière l’écran de la révolution sociale, le blog de Nicolas Séné.

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