Archives par étiquette : Tunisie

Le syndicat de l’industrie informatique CNT sera présent au meeting international en Tunisie

Du 29 septembre au 2 octobre se déroulera un meeting international en Tunisie. De par sa vocation internationaliste, le syndicat de l’industrie informatique sera représenté et participera à l’intégralité des débats.

Ci-dessous vous pouvez télécharger l’appel à ce meeting ainsi que le programme complet :
Télécharger l’appel
Télécharger le programme

Les travailleurs n’ont pas de patrie !

Salah, Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT

Thawra fi Tounes*

* Révolution en Tunisie

Ministère de l'intérieur tunisien.

Deux semaines après la chute de ZABA (Zine  el-Abidine Ben Ali), les désillusions s’accumulent au même rythme que le gouvernement transitoire s’installe. Panorama irréaliste ou même les contours d’un changement radical sont dissipés par l’épais nuage du cirque médiatique et des rumeurs de violence. La jeunesse essaye de peindre sa révolution pendant que l’ancien système l’efface à coup de solvant. La peinture se dilue dans l’eau et pourtant…

Rien ou presque n’indique à Tunis qu’un vil despote vient de fuir après plus de deux décennies de corruption, de répression, de censure et d’humiliations.
Sur l’avenue Habib Bourguiba (avenue où se situe le ministère de l’intérieur), les commerces commercent, les serveurs servent et les vendeurs à la criée crient.
Retour à la « normale » donc malgré trois semaines sanglantes.
Ah non, voici une manifestation improvisée de quelques lycéens et étudiants qui s’époumonent devant le ministère de l’intérieur en réclamant le départ de Ghannouchi. Manifestation très vite diluée dans la masse des badauds.

Manifestation de jeunes en Tunisie

Direction donc la Kasbah, lieu de révolte par excellence  où les classes laborieuses des terres venaient se regrouper.
L’accès est bloqué par la police et les murs, témoins des slogans révolutionnaires, ont été repeint. Circulez, il n’y a rien à voir !
Office des douanes à Gabès brulé.
Peut être qu’en bavardant ici et là, les langues se délieront et je pourrai enfin avoir l’impression de respirer dans un pays qui connait son premier soulèvement populaire?
Encore raté, du serveur au chauffeur de taxi, de la femme de ménage à la petite bourgeoisie, deux mots d’ordre: le retour au calme et au travail.
Existe t-il un mot pour poujadisme en arabe ?
Tribunal de Gabès brulé.
Étrange, s’il en est, que ces deux mots d’ordres soient ceux des politiciens et des médias. Abominable spectacle que de voir les complices politique et médiatique de ZABA débattre de la révolution. L’indécence comme vertu chez ces caciques de l’ancien pouvoir. Ainsi les occurrences les plus utilisées sont sécurité (tiens tiens!) et travail. Voila leur logorrhée verbale: »Camardes révolutionnaires, vous avez révolutionné, c’est bien! Maintenant au travail, pendant que nous allons gérés « différemment » les affaires du pays ! ». Différemment avec les mêmes? Et si cette misérable mascarade n’a pas achevé de vous rendre sourd et aveugle, il faut savourer le succulent clip, qui entrecoupe chaque « débat », narrant le merveilleux peuple révolutionnaire. Sur la même chaine qui narrait trois semaines auparavant le ZABA visionnaire. Avec évidemment le même procédé de montage, mono-forme quand tu nous tiens !
Et l’insécurité, ah l’insécurité ! Chaque média, chaque Tunisien vous raconteront une rumeur sur des viols, des attaques aux couteaux, des braquages etc… Du TF1 recyclé en somme. Et chaque rumeur s’évapore pour peu que l’on enquête dessus. Aurait-on appris aux politiques tunisiens que l’épouvantail de l’insécurité permet de contenir la rage sociale du peuple ?
Les techniques du rhouya el kbir (Big Brother) paraissent hermetiques chez les jeunes.
Place du 7 novembre rebaptisée Mohammed Bouazizi.
Mais où sont ces dizaines de milliers de jeunes qui ont bravé les balles des BOP (brigades anti-émeutes) pour enfin se construire un avenir?On peut voir les traces de leurs exploits sur les façades des bâtiments publics ou sur les places. Le 7 novembre ( date du coup d’état de ZABA) est remplacé par Mohammed Bouazizi.
Panneau 7 novembre brulé.
Sinon, on peut les voir à Zarzis (et dans les villes les plus contestataires) où ils ont pris le contrôle de la ville en chassant les sabre-peuple policiers. Ici la jeunesse vit et sourit.
Et rigole même, en observant les noms des indicateurs apparaissant sur une liste parfaitement relayée.

Une des nombreuses listes des indicateurs.Ici donc plus de police mais pas de violence non plus. Et ce n’est pas du fait de la présence militaire devant les bâtiments publiques mais plutôt du bonheur de vivre sans maitres pour vous humilier.

Bref, le round d’observation étant fini, on peut révolutionner à nouveau. Et même être 100 000 pour réclamer et obtenir la démission de Ghannouchi comme le week-end dernier.
De grandes espérances donc envers la jeunesse tunisienne !

Salah, Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT

tunisie:~# apt-get install revolution

Janvier 2011. Les tunisiens ont chassé Ben Ali, le dictateur qui les tenaient sous sa férule depuis vingt-quatre années. D’abord contestation populaire, le mouvement s’est mué en insurrection puis en révolution. Révolution ? Oui, parce que le régime a été balayé. Un nouveau est en train de se mettre en place, dont rien ne garantit encore qu’il répondra aux espoirs des tunisiens. Du moins aux échos de leurs espoirs que l’on entend en France : autogestion, fin des privilèges, démocratie directe…

Les événements sont encore en gestation. Mais il est d’ores et déjà possible de souligner quelques aspects édifiants de ce mouvement.

D’abord, il s’agit d’un mouvement populaire qui est né, a cru et a finalement fait plier le pouvoir sans avoir été impulsé ou entretenu par une organisation ou une coalition d’organisations. Spontanément, dans toute la force du terme, le peuple s’est mis en marche. L’armée a refusé de tirer dans la foule ? L’armée tunisienne est essentiellement constituée de conscrits, l’explication est probablement là, plus que dans les décisions de l’état major…

Il est possible que le peuple accepte maintenant, et une fois les résidus du parti unique mis à l’écart, l’établissement d’une « démocratie » républicaine qui se fera la garante des privilèges d’une classe possédante, comme chez nous. Mais l’histoire est désormais enrichie d’un nouveau cas de soulèvement populaire spontané qui a réussi à faire trébucher un pouvoir – quels sont les autres, au fait ? Aux millions de français qui fondent leur adhésion à notre système démocratique sclérosé et injuste sur leur résignation face à l’emprise des possédants et de leurs laquais politiques, puisse le sursaut des tunisiens servir d’exemple : rien n’est inéluctable, nous pouvons tout.

Il est aussi possible que les tunisiens aillent plus loin et inventent de nouvelles formes d’organisation sociale, politique, de nouveaux rapports avec les puissances étrangères, d’autres avenirs que ceux que les démocrates capitalistes considèrent comme la forme ultime et indépassable de système politique.

Et quel plaisir de recevoir enfin des nouvelles d’un pays arabe qui n’ont rien à voir avec l’islam. La révolte est née dans les villes les plus pauvres de la Tunisie, là où ont convergé des revendications de justice sociale et de liberté. Bien sûr que des aspirations à la justice et à la liberté existent partout dans le monde arabe. Mais nos médias, chevauchant le cliché du choc des civilisations, préfèrent en général exhiber du barbu. Là, ils n’ont pas pu. D’abord parce que les islamistes ont été rejetés, chassés par les foules lorsqu’ils se montraient dans la rue, ensuite parce que les gens ont fait leurs propres médias, par internet.

Les tunisiens ont su prendre des risques. Et, hélas, les flics ont tué plusieurs dizaines de personnes. Rien, jamais, ne justifie la mort d’un homme. Mais si ces hommes n’avaient pas pris ces risques, rien n’eut été possible.

L’imprévisible spontanéité d’un peuple est parvenue à mettre à bas une dictature organisée pour durer. Certes, il lui reste encore à finir le travail en virant les caméléons de l’ancien régime. Mais quoi qu’il advienne – les silences des hiérarques parisiens n’y ont rien changé – plus rien de sera plus comme avant. Ces événements ont fait du bien à la Tunisie. Ces événements nous montrent à tous la possibilité que nous avons de bouleverser l’ordre établi.

Tunisie : C’est la révolution, pas un remaniement !

Il semble que les affidés du RCD (rassemblement constitutionel démocratique, parti de benne Ali) et ses suppôts de l’opposition légale n’ont pas compris le message du peuple.
Le gouvernement intérimaire n’ est qu’une pitoyable mascarade, et, il s’agit plus d’un remaniement ministériel sarkozien que d’une véritable révolution.

En effet, il est composé majoritairement de fidèles au petit général. Le reste étant composé de l’opposition légale, qui a eu un rôle de complice passif pendant la dictature du PDG ( Président Dictateur Général).

La révolution ne doit pas être confisquée par le RCD et ses amis de l’opposition légale !
Elle appartient au peuple et surtout pas à une caste de technocrates minables qui n’ont fait qu’admirer la gomina de benne Ali durant ces dernières années .

Des milliers de Tunisiens manifestent actuellement pour l’abolition du parti des sabre-peuple.
Nous soutenons donc sans retenue ces manifestations qui appellent au départ sans compromis du RCD et de ses séides.

Les travailleurs n’ont pas de pays.
Solidarité internationale avec la lutte du peuple tunisien !

Communiqué du secretariat international sur la Tunisie

Solidarité avec le peuple tunisienAprès les mobilisations à Gafsa en 2008 et Bengardane en 2010, la Tunisie connaît, depuis plusieurs semaines, un fort mouvement de contestation, premier mouvement de cette ampleur depuis 23 ans et le début du régime de Ben Ali.

La réaction immédiate des habitants de Sidi Bouzid suite à la mort d’un jeune diplômé qui s’est immolé en décembre 2010, acte de désespoir face au harcèlement policier et à la précarité, a été relayée dans plusieurs villes.

Sur l’ensemble du territoire, le peuple tunisien est rapidement descendu dans la rue, en soutien; pour défendre leurs condition de travail, la liberté d’expression, et contre la précarité, la répression et la terreur installée par ce régime policier.

Depuis la rentrée scolaire et universitaire début janvier 2011, ce sont les collégiens, les lycéens, certains enseignants et les étudiants qui ont rejoint la mobilisation des travailleurs, chômeurs et de la jeunesse.

Malgré le silence et la désinformation des médias internationaux, la mobilisation spontanée de la population, soutenue et rejointe par les syndicalistes ne fait que se renforcer et s’étendre. Les Tunisiens sont déterminés à faire entendre leurs revendications concernant leurs conditions de vie et de travail par tous les moyens.

Si la répression des manifestants et des syndicalistes, ainsi que la censure et la désinformation, sont depuis longtemps les méthodes du pouvoir tunisien, Ben Ali et ses sbires ont franchi une nouvelle étape dans la violence de la répression pour étouffer ce mouvement. Les policiers ont dès le début été très présents et l’armée a été très rapidement envoyée dans la rue.
Dès le début de la mobilisation des gazes lacrymogènes très forts ( qui en temps normal sont utilisés contre des animaux ou en situation de guerre) ont été massivement utilisés. Les agressions physiques sur des manifestants et des journalistes, les enlèvements et disparitions se sont multipliés.

Depuis plusieurs semaines la police tire à balles réelles sur les manifestants, faisant un premier blessé grave le 23 décembre 2010, puis de nombreux autres par la suite.

Certaines villes subissent un état de siège comme à Feriana, Tela, et la population est entrée dans une résistance continue depuis plusieurs jours.

Mais depuis la nuit du 7 janvier 2011, c’est un épisode sanglant que vivent les habitants de la région de Kasserine (Tela, Kasserine, Feriana…) et de  la ville de Meknessi (région de Sidi Bouzid).
Ainsi dans la nuit du 7 janvier 5 personnes ont été tuées par balles et 5 autres ont été grièvement blessées à Kasserine.
Dans la nuit du 8 au 9 janvier,  les affrontements dans ces villes ont fait au moins 10 morts suite aux tirs à balles réelles des forces de l’ordre, 9 de source officielle, une vingtaine minimum de sources syndicales et selon la population. Un jeune de 17 ans s’est suicidé en s’immolant à Kasserine.

La Confédération Nationale du Travail – France condamne la violence que subit depuis des semaines le peuple tunisien. Nous dénonçons la politique du gouvernement, qui répond au mouvement des travailleurs par la terreur.
Nous exigeons l’arrêt immédiat des violences et des tueries orchestrées par des forces de
l’ordre, la libération immédiate des personnes emprisonnées ainsi que l’arrêt des poursuites entamées à leur encontre, en raison de leur participation à ce mouvement.

Par ailleurs, il est temps que l’État français condamne clairement la dictature de Ben Ali et qu’il arrête de présenter la Tunisie comme un espace « où les liberté progressent », comme un pays dont la stabilité politique et économique serait un moteur pour le Maghreb.
Les intérêts économiques néocolonialistes de la France ou les arrangements entre les amis Sarkozy et Ben Ali sur la « gestion des flux migratoires » doivent cesser, et l’État français définitivement arrêter son soutien à cette dictature.

La CNT soutient les travailleurs tunisiens dans leur lutte et condamne la répression violente qu’utilise l’État tunisien pour faire taire le peuple, et ceci avec le soutien de l’État français.

Un coup contre l’un d’entre nous est un coup contre tous !

Vive la solidarité internationale !

La dictature tunisienne pirate les mots de passe internet !

Anonymous s'attaque à Ben Ali.

L’Agence tunisienne d’internet s’empare des identifiants Facebook, pour mieux fliquer et intimider les opposants.

L’agence tunisienne  d’internet (ou ministère du contrôle de la Vérité) s’empare des identifiants Facebook, pour mieux fliquer et intimider les opposants.

L’Agence tunisienne d’internet (ou ministère du contrôle de la Vérité) pirate les comptes des utilisateurs de Yahoo!, Google et Facebook.
Le FAI injecte dans les pages du code Javascript pour récupérer les identifiants de connexion et les mots de passe.

Le FAI qui est sous tutelle du « ministère des Communications » (ou ministère de la Vérité), est accusé par les défenseurs de la liberté et les opposants du videur de boite de nuit Ben Ali le « gominé », de disposer d’un trop large pouvoir dans le pays (euphémisme!). Ils accusent également la police (sabre-peuples et tortionnaires) de vouloir prendre le contrôle de leur pages Facebook, outil vital de communication dans un pays soumis à la censure (nouvel euphémisme!).

Le site du FAI n’est plus accessible grâce à l’excellent boulot des Anonymous qui ont saturé le site, et que l’on ne saurait trop remercier!

Rappelons que les opposant parlent d’une vingtaine de morts et que  le syndicat de l’industrie informatique ne se fatiguera pas à rappeler qu’il est totalement solidaire avec les révoltés tunisiens !

Solidarité de classe !
Solidarité internationale avec la lutte des classes tunisienne !

Solidarité avec les luttes du peuple tunisien !

Nous affirmons notre solidarité sans faille avec le formidable mouvement de contestation que connait la Tunisie ainsi qu’avec les mots d’ordre de la révolte initiée à Sidi Bouzid ;

Nous dénonçons l’attitude du pouvoir qui répond aux Tunisiennes et aux Tunisiens par les balles, les arrestations, l’intimidation et la répression.

Nous appelons à la libération immédiate et à l’arrêt des poursuites à l’encontre de tous les emprisonnés de ce mouvement comme de ceux qui l’ont précédé, notamment celui des révoltés du bassin minier de Gafsa, ainsi que les étudiants emprisonnés en raison de leur activité syndicale.

Nous réclamons que les responsables de la répression, des violences à l’encontre de la population qui ont causé la mort et des blessures graves parmi les manifestants soient traduits en justice.

Nous appelons à une mobilisation nationale et internationale d’ampleur en soutien à la révolte du peuple tunisien initiée par les habitants de Sidi Bouzid.

Nous faisons nôtres les mots d’ordre scandés dans les manifestations à travers toute la Tunisie : Pour le droit au travail et le droit de gagner sa vie dignement ; Pour une juste répartition des richesses ; contre la corruption et le népotisme.

Nous maintiendrons une mobilisation vigilante pour soutenir toutes les victimes de la répression, pour faire échec à l’entreprise de criminalisation de la contestation, pour répondre aux agressions qui visent les syndicalistes, les avocats, les média indépendants du pouvoir, les associations et partis solidaires de la révolte tunisienne.

Solidarité totale avec les luttes du peuple tunisien!

Premiers signataires : AC ! – ACHR – ACORT – AFASPA – AMF – ASDHOM -ATF- ATF Paris – ATMF – ATTAC – CAPJPO-EuroPalestine – CEDETIM – CISA – CNT – Comité National de Soutien au Mouvement du Bassin minier – Courant Nationaliste Progressiste – CORELSO- CPR – CRLDHT – DAL – EtoileNord Africaine – Europe Écologie Les Verts – La pelle et la pioche – FASE (Fédération pour une alternative Sociale et Écologique) – FDLT (Forum démocratique pour la liberté et le Travail) – FTCR – Les Alternatifs – Le MOUVEMENT POUR UNE ALTERNATIVE SOCIALE ÉCOLOGIQUE ET DÉMOCRATIQUE – LUTTE OUVRIÈRE -Manifeste des Libertés – Mouvement Nahdha – Mouvement Tajdid France – MRAP – NO-VOX – NPA – PCF – PCOF – PCOT – PDP – PG– Réseau Stop la Précarité – SOLIDAIRES – Solidarité Tunisienne – SORTIR DU COLONIALISME – UTIT – Voie Démocratique Maroc – Voix Libre…

[Golbal Voices] Émeutes en Tunisie : pouvoir et activistes en pleine cyberguerre

Cyberpirates en TunisieLes censeurs du ministère de l’intérieur, surnommés « Ammar » par les internautes, s’attaquent aux comptes Internet de militants tunisiens dans le contexte des troubles sociaux que connait le pays.

Lundi, des cyber-activistes tunisiens ont annoncé que le gouvernement avait piraté leurs comptes e-mails, leurs blogs et leurs profils sur les réseaux sociaux afin de les supprimer. Il semble s’agir de représailles après une autre cyber-attaque, celle du groupe de hackers Anonymous, qui ont piraté des sites et portails internet clé du gouvernement tunisien.

Le piratage de comptes n’a rien de nouveau en Tunisie, ses dissidents politiques connaissent bien ce moyen de pression. Le pays est connu comme un état policier, ennemi d’Internet et très répressif envers ses médias.

Les sites de Ben Ali, du Premier ministre et de la Bourse attaqués

Le World Press Freedom Index a rétrogradé la Tunisie de la 154e place à la 164e dans son classement 2010 :
« Le pays continue à chuter dans les profondeurs du classement pour sa politique de répression systématique mise en place par les dirigeants politiques de Tunis contre quiconque exprime des idées contraires à celle du régime. »
Selon le site Gawker, Anonymous, un groupe informel de hackers militants a attaqué notamment les sites du président Ben Ali, du Premier ministre, de la bourse, et ceux de plusieurs ministères.

Les pirates voulaient protester contre la censure par le gouvernement tunisien du site Wikileaks, intervenue après la divulgation des télégrammes diplomatiques américains, et contre la politique de censure agressive d’Internet qui a lieu en Tunisie.

« Opération : Tunisia » pour forcer Tunis à « libérer le Net »

Sur AnonNews.org, un forum en ligne pour les « hacktivists » (contraction de hacker et activiste), voici la déclaration qui a été publiée dans ce qui est maintenant connu sous le nom de code « Operation : Tunisia » :
« Le temps de la vérité est arrivé. Le temps où les gens s’expriment librement et peuvent être entendus n’importe où dans le monde. Le gouvernement tunisien veut contrôler le présent avec des mensonges et de la désinformation, pour contrôler le futur en dissimulant la vérité à ses citoyens. Nous ne resterons pas silencieux tandis que ceci a lieu. Anonymous a entendu la demande de liberté des Tunisiens. Anonymous est prêt à aider les Tunisiens dans leur combat contre l’oppression. On y arrivera. On y arrivera. Ceci est avertissement au gouvernement tunisien : les attaques contre la liberté d’expression et d’information de ses citoyens ne seront pas tolérées. Toute organisation impliquée dans la censure sera visée, et ne sera pas en paix tant que le gouvernement tunisien n’entendra pas la demande de liberté de son peuple. Il appartient au gouvernement tunisien de mettre un terme à cette situation. Libérez le Net, et les attaques cesseront, continuez, et ceci n’est que le début. »

Une liste des sites du gouvernement tunisien piratés par le groupe Anonymous a même été mise en ligne. Selon des militants qui se trouvent en Tunisie, la contre-attaque du gouvernement tunisien a touché des activistes, des avocats et des journalistes.

Les connexions sécurisées à Facebook impossibles

Le blogueur tunisien Astrubal, co-responsable du portail d’informations Nawaat.org, juge que des indices indiquent qu’il s’agit bien d’une attaque coordonnée par le pouvoir. Il écrit :

« Il s’agit vraisemblablement d’une campagne destinée surtout à subtiliser les logins et mots de passe des utilisateurs afin de fouiner dans leurs messages privés.

Par ce moyen, la police peut savoir qui communique avec qui et sur quel sujet. Il s’agirait en somme de chercher à démanteler ces réseaux de journalisme citoyen qui se sont constitués spontanément suite aux mouvements de contestation de Sidi-Bouzid.

Ces derniers ont montré l’importance des réseaux sociaux quant à la circulation de l’information, des perturbations récurrentes du réseau ont été constatées. Pour le cas de Facebook, les connexions en “https” [qui garantissent une meilleure protection des données échangées, ndlr] notamment pour se logger sont souvent impossibles à établir.

Le pouvoir tunisien n’a pas osé, comme il l’a fait par le passé, bloquer les services du réseau social le plus utilisé par les Tunisiens. Cette fois-ci, il semble qu’il chercherait plutôt à atteindre directement ceux qui l’utilisent pour faire circuler l’information, plutôt que de s’attirer les foudres de tous les utilisateurs par un blocage total de Facebook.

En tout état de cause, nous rappelons à tous les utilisateurs de Facebook et, a fortiori, s’ils se connectent à partir de la Tunisie : NE VOUS CONNECTEZ JAMAIS à partir d’une page non sécurisée.

Même si vous n’avez rien à cacher, n’oubliez jamais que vous êtes également dépositaire de la confiance des personnes qui vous envoient des messages privés.

Même si, vous, ça vous est égal que l’on puisse fouiner dans vos messages privés, on se doit, tout un chacun, d’honorer la confidentialité des messages privés que nous recevons. »

Des appels à la prudence relayés sur Twitter

La nouvelle des différentes attaques a été relayée sur les médias sociaux comme Twitter.

@SBZ_news rapporte : « Les blogueurs sont sous le feu de la cyber police tunisienne, elle essaie de pirater tous ceux qui ont soutenu #sidibouzid ou #OperationTunisia »

Naser Weddady, activiste mauritanien, tweete : « D’après des informations données par des gens en #Tunisie un modèle apparait : les comptes FB piratés étaient connectés à des adresses Yahoo Mail. » Il ajoute : « L’activiste @benmhennilina et le journaliste @Sofien_Chourabi sont ciblés parce qu’ils parlent aux médias étrangers. »

@spiralis1337 avertit : « Police tunisienne pirate comptes Facebook pour rassembler preuves. Soyez prudents. » Seifeddine Ferjani ajoute : « Le piratage de comptes e-mail et Facebook confirme que le gouvernement Ben Ali est une entreprise criminelle. » Dernière information en date, donnée par @nayzek : « Ha ha, maintenant, des officiels ( ? ) téléphoneraient personnellement aux gens pour leur dire de ne plus partager des vidéos sur #sidibouzid sur Facebook… »

Source : Global Voices