Inde : Nokia refuse de reconnaitre les syndicats chez ses sous-traitants

3.500 ouvriers , travaillant 12 heures par jour et qui gagnent au mieux 121$ par mois, chez le fournisseur de l’entreprise Nokia BYD Électronique à Chennai ont tenu un sit-in d’une durée de trois jours et pourtant l’entreprise refuse toujours de reconnaître le syndicat des travailleurs et de négocier de meilleures conditions.

Pendant ce temps, à Foxconn-Inde dans une zone économique voisine de Nokia, des centaines de travailleurs continuent à répondre d’accusations criminelles pour avoir fait grève et l’entreprise refuse toujours de reconnaître le syndicat.

La campagne LabourStart lancé le 15 Octobre pour réclamer la libération des centaines de travailleurs Foxconn emprisonnés a généré près de 5000 messages de protestation et les travailleurs ont été libérés.

Maintenez la pression et envoyer un autre message au gouvernement du Tamil Nadu aujourd’hui pour appuyer la demande et des travailleurs de Foxconn Electronics BYD pour la reconnaissance du syndicat.

Source : Labourstart

Conseil national du numérique : Une naissance placée sous le signe du népotisme

Eric Besson, le ministre socialo-sarkoziste de l’économie numérique a nommé Pierre Kosciusko-Morizet, PDG de PriceMinister et frère de l’ancienne secrétaire d’Etat au Numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, a la tête du groupe de travail chargé de mettre en place le conseil national du numérique qui sera chargé d’orienter le gouvernement pour les prochains projets de lois concernant internet, montrant ainsi qu’il est plus facile de chasser le sans-papiers que le conflit d’intérêt et les liens du sang.

Au moins, peut on espérer que cette girouette qui avait déposé un projet de loi en 2003 contre les DRM et la loi DADVSI avant de chanter les louanges des mêmes DRM dans son Plan Numérique 2012, change suffisamment encore d’opinons au cours de ses futures trahisons, pour en rendre son ministère ingérable et ruiner toutes les tentatives de mise sous tutelle de l’internet

Wikileaks : une lutte asymétrique contre une transparence à deux vitesses

Suite aux révélations de câbles diplomatiques par Wikileaks, une polémique a été lancée par les tenants de la raison d’état qui ont crié à la dictature de la transparence.

Il est évident qu’un état qui doit se donner les moyens d’assurer son existence a besoin, par commodité, de maintenir le secret sur certaines de ses pratiques, notamment dans les domaines militaire, diplomatique, ou dans le maintien de l’ordre intérieur. Cela devient très ironique lorsque le même état ose se présenter comme étant démocratique, puisqu’il serait dirigé par des représentants élus par le peuple, alors que ce peuple ne serait pas jugé suffisamment apte à connaître tous les éléments sur les pratiques au pouvoir de ceux qu’ils sont sommés choisir pour décider de leurs vies.

Et l’ironie est double lorsque ces dirigeants pour se faire élire vont flatter les instincts sécuritaires, et pour ce faire exigent sans cesse plus de transparence des individus dans la société. Ainsi, les valets de la raison d’état nous ont vendu la généralisation de la vidéo-surveillance, de la biométrie, l’acquisition de drônes par la police pour surveiller cités sensibles et manifestations contestataires, le prélèvement génétique dans les commissariats et gendarmeries, le foisonnement de fichiers policiers comme le STIC (bientôt fusionné avec le JUDEX sous le nom ARIANE), l’EDVIRSP, le FRG, le SDRF et tant d’autres. Tout ceci au nom de la transparence de nos vies. Pour s’assurer le contrôle social, l’état a besoin de rendre nos vies les plus transparentes possible. Combien de fois avons-nous entendu que lorsque l’on a rien à se reprocher, on n’a rien à cacher, et que pour que notre « sécurité » soit assurée, il faut être prêt à renoncer à un peu de ses libertés en acceptant de dévoiler toujours un peu plus son mode de vie ?

Les méthodes hors-la-loi de Wikileaks prennent toute leur justification dans ce rapport de force disproportionné où la transparence deviendrait une dictature lorsqu’elle s’appliquerait à un état, en même temps que celui-ci exigerait toujours plus de transparence de la part de ses citoyens.

Cette asymétrie de la transparence existe aussi dans le monde de l’entreprise, et particulièrement dans les entreprises de l’informatique. De plus en plus, les entreprises cherchent à avoir connaissance de la vie privée de leurs salariés que ce soit lors du processus d’embauche, ou bien plus tard lors de la vie en entreprise. Recruter des retraités de l’armée dans les services de ressources humaines est de bon ton pour s’assurer que des enquêtes soient menées finement sur le personnel. Et de la même façon, le goût du secret pour les décisions de la direction rend difficile, pour le personnel, l’accès aux informations sur la vie  de l’entreprise. Mais au moins, les entreprises ( à l’exception des coopératives qui n’ont pas ces pratiques de confidentialité paranoïaque), n’ont pas elles, la prétention de s’afficher comme étant des lieux de démocratie, comme peuvent le faire les états.

La collusion des états avec le système banquier a permis de lancer une tentative d’asphyxie financière de Wikileaks en bloquant les paiements en ligne sur le site. La riposte  ne s’est pas fait longtemps attendre avec les attaques par déni de service des sites de Paypal, Visa et MasterCard grâce au logiciel téléchargeable gratuitement  LOIC (Low Orbit Ion Cannon).

De telles attaques par déni de service ont déjà été jugées en France, et ont abouti à de lourdes amendes. Et le fait que le ministre de l’économie numérique Eric Besson, soit monté au créneau pour dénoncer la cybercriminalité de Wikileaks et des attaques par déni de service, n’est pas très encourageant pour l’évolution du droit Français en la matière. Mais dans une lutte asymétrique, l’informatique restera longtemps un terrain sur lequel les états ne seront pas prêts de réussir à imposer leur pouvoir de coercition sur la masse organisée des individus pour s’assurer le contrôle social dont ils rêvent.

Webhelp : Prisons, suicide au travail, répression, et autres dangers Facebook

Webhelp, entreprise de télémarketing, 3eme du secteur a décidément tout pour plaire et montre que l’on peut travailler dans le secteur des technologies du XXIème siècle, tout en gérant les employés avec autant de bas-goût qu’au XIXème siècle : délocalisations au Maroc, relocalisations en prison (avec une plateforme de douze détenues pour longues peines dans la prison de Rennes percevant 4 euros bruts de l’heure après dédommagement des victimes , sous couvert de discours de réinsertion sociale), le suicide récent d’une télétravailleuse à domicile à la suite de laquelle la direction a dû finir par accepter de faire une déclaration d’accident de travail sous la pression efficace du CHSCT de Caen dont dépendait cette télétravailleuse.

Nous tenons à féliciter le travail des syndicalistes du CHSCT, parce que ce faisant, ils ont ouvert une brêche dans le droit du travail concernant la reconnaissance du suicide au travail, qui sera d’autant plus importante que le télétravail est amené à prendre de l’importance, dans tous les secteurs de l’informatique et des télécommunications.

Pour ce faire, le CHSCT a fourni au Parquet une lettre posthume de l’employée faisant le lien entre  son suicide et son travail. La démarche du CHSCT est d’autant plus justifiée que deux tentatives de suicides avaient déjà eu lieu dans ce centre, et que les enquêtes du CHSCT l’avaient amené à demander sans succès que les managers soient formés à la prévention de ces risques.

Mais, c’est bien le couteau sous la gorge que la direction a accepté de remplir une déclaration d’accident de travail. La direction a tout fait pour museler le CHSCT et étouffer l’affaire. Elle a choisi pour cela de se livrer à une campagne d’intimation sur Éric Blanchemain, secrétaire du CHSCT et délégué syndical CGT de l’entreprise, qui a enquété sur le suicide.

Il faut dire que le lendemain du suicide, le profil Facebook de la CGT-FAPT affichait le billet d’humeur « Journée de merde, boulot de merde, boïte de merde, chefs de merde ». Et bien qu’il s’agisse d’un profil commun à plusieurs salariés, la direction a choisi de saisir le tribunal correctionnel à l’encontre d’Eric Blanchemain personnellement, et d’engager une procédure de licenciement, qui s’est finalement soldée par une mise à pied de cinq jours.

Le syndicat de l’informatique soutient totalement l’action des syndicalistes de Webhelp qui luttent contre un taulier, et nous reviendrons très prochainement sur le site du syndicat sur l’ensemble des problématiques liées aux pratiques de Webhelp comme le travail en prison, les suicides au travail, et les dangers des réseaux sociaux Facebook qui vont bien au-delà du seul cas de Webhelp.

CNT : après la mobilisation, un congrès pour aller de l’avant !

Communiqué confédéral

Congrès confédéral CNT à la bourse du travail de Saint-Etienne

La Confédération Nationale du Travail (CNT) tenait son Congrès Confédéral les 10, 11 et 12 décembre à la bourse du Travail de Saint-Étienne (42).

Au sortir d’une mobilisation contre la réforme des retraites pendant laquelle la CNT est régulièrement apparue sur l’ensemble du territoire, que ce soit en créant des caisses de grève, en prolongeant les manifestations unitaires ou en organisant des blocages économiques, les syndicats de la CNT étaient rassemblés pour la tenue du 31ème Congrès Confédéral.

Conformément à ses principes autogestionnaires, les mandatés de chaque syndicat de la CNT ont pu débattre des orientations de la confédération pour les 2 prochaines années et se prononcer notamment sur l’orientation stratégique de l’organisation.
Stratégies d’implantation des sections syndicales, projets de développements de nouvelles fédérations dans le secteur privé, représentativité, formation… les décisions prises montrent une volonté renforcée de développer un syndicalisme ancré dans les réalités des travailleurs et porteur d’un véritable projet de société.

Dans le respect de la démocratie directe, les mandats confédéraux, en particulier ceux du bureau confédéral, ont été profondément renouvelés, illustrant encore une fois que la rotation des tâches n’est pas un vain mot dans notre organisation.

Pour la CNT, les deux années la séparant de son prochain Congrès seront l’occasion de poursuivre son développement dans le privé comme dans le public. Ainsi elle continuera à porter un discours et des pratiques autogestionnaires et s’efforcera d’amener les travailleurs à se les approprier afin de faire vivre un syndicalisme de combat dans lequel ceux qui travaillent soient ceux qui décident !

Congrès de la CNT.

CNT – secrétariat Média

Loppsi 2 : quand la rue dit non !

Communiqué confédéral

4 jours après le début de la deuxième relecture de la loi Loppsi 2 à l’Assemblée Nationale, des dizaines de villes françaises ont été le théâtre de rassemblements et de manifestations auxquels les syndicats CNT ont participé afin de dénoncer cette loi liberticide. Après le recul sur le fichier Edvige il y a quelques mois, un front de défense des libertés individuelles commence à s’organiser.

Suivant une logique affichée depuis de nombreuses années, le gouvernement tente de faire passer une loi fourre-tout qui réduira de manière drastique nos libertés collectives et individuelles et attaquera, une fois encore, la part de la population la plus vulnérable.

Cette Loi d’Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure (LOPPSI 2 ou LOPPSI 2009) c’est :

– Le couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans, une procédure proche de la comparution immédiate devant le tribunal pour enfants (qui achèvera d’aligner la justice des mineurs sur celle des majeurs).

– Expulsions et destructions des logements précaires et/ou alternatifs, des squats : pénalisation arbitraire, procédure d’exception à l’encontre des habitants « _illicites_ » de terrains… Rroms, gens du voyage, habitants de bidonvilles, mais aussi de yourtes, de cabanes, de maisons sans permis de construire et de toutes formes d’habitats légers, mobiles et éphémères. Tous sont visés…

– La systématisation du fichage de la population, notamment en croisant les fichiers (fichier Périclès), l’extension de la vidéo-surveillance sur la voie publique, dans les immeubles d’habitation, sur les lieux de manifestations, de rassemblements, aux abords des entreprises. Tout cela met en danger les libertés publiques et place la société dans son ensemble sous une surveillance policière constante.

– Le contrôle d’Internet ; l’article 23 permettra d’installer des « _mouchards_ », logiciels espions (« _trojan_ », cheval de Troie) qui permettent d’accéder à toutes vos données, au sein même de vos ordinateurs pour espionner vos moindres faits et gestes.

– L’augmentation des pouvoirs de la police municipale, la création d’une milice policière baptisée « _réserve civile_ », l’instauration d’un vague Conseil national des activités privées de sécurité (qui entérine et annonce la privatisation croissante de la sécurité).

– Le dépistage contraint du VIH. Et bien d’autres choses, mais ce projet de loi c’est 190 pages et une flopée d’articles, tout cela dans un but évident de transparence…

Bordeaux, Lille, Grenoble, Marseille, Paris et même Figeac ou Saintes les nombreuses manifestations de ce week-end sont autant d’avertissements au gouvernement pour dire non à ces nouvelles lois liberticides. Ce week-end a clairement permis de montrer la contestation de la loi Loppsi 2.

Amplifions cette mobilisation pour mettre fin à ces nouvelles lois sécuritaires : continuons la lutte contre cette loi et organisons nous sur le long terme dans nos orgas de classes pour contrer ces attaques !

CNT – secrétariat médias

L’abolition de l’État : une valeur républicaine ? Communiqué de presse confédéral du 16 novembre 2010

Par son arrêt rendu le 13 octobre 2010, la Chambre sociale de la Cour de Cassation a rejeté le pourvoi formé par la société Baud (groupe Casino), soutenu par l’UD 94 de FO, confirmant ainsi le jugement rendu par le Tribunal d’instance de Boissy-Saint-Léger le 11 février 2010 au bénéfice du Syndicat du commerce région parisienne de la Confédération nationale du travail (SCIAL-RP CNT), rejetant la contestation patronale de la désignation de son représentant de section syndicale (RSS) chez Baud (Arrêt n°1955 FS-P+B) / Pourvoi n° R 10-60.130).

La Cour de Cassation était ainsi invitée par le pourvoi formé par la société Baud contre ce jugement du 11 février 2010 à se prononcer, pour la première fois, sur la notion de « respect des valeurs républicaines » par un syndicat, soit l’une des conditions auxquelles il doit satisfaire pour être autorisé à désigner un représentant de section syndicale en application de l’article L.2142-1 du Code du travail dans sa rédaction résultant de la loi du 20 août 2008, le législateur s’étant gardé de toute précision à ce sujet.

La Cour de Cassation, au motif que c’est à celui qui conteste le respect par une organisation syndicale des « valeurs républicaines » et que le Tribunal d’instance avait constaté que cette preuve n’avait pas été rapportée ni par la société Baud ni par l’UD 94 de FO, a rejeté les arguments de la société Baud selon lesquels,

– d’une part, les références à l’« action directe » autogérée par les travailleurs eux-mêmes dans les luttes syndicales feraient automatiquement l’apologie d’actions violentes et,

– d’autre part, que l’« abolition de l’État » (cf. les statuts du SCIAL-RP CNT) comme étape de l’accomplissement d’une société débarrassée de l’aliénation du travail salarié au profit d’une société sans classe et autogérée serait contraire aux « valeurs républicaines », au motif confusionnel seriné par la défense de la société Baud et de FO que l’État serait la seule forme possible de République !?

La CNT peut se féliciter d’un tel arrêt, quand bien même elle n’entend aucunement soumettre son existence et ses actions aux diktats de la justice bourgeoise.

En outre, à l’heure où l’unité syndicale devrait prévaloir face à l’offensive générale orchestrée notamment par le couple MEDEF-UMP contre les travailleurs, la CNT dénonce le rôle néfaste que l’UD 94 de FO a joué dans cette affaire. Celle-ci s’est honteusement distinguée en s’associant tout au long de la procédure aux patrons de la société Baud, autrement dit ceux du groupe Casino ! Rappelons à ces « bons camarades » que Casino est l’un des principaux fleurons du grand capitalisme français, et qu’il est dirigé par Jean-Charles Naouri, qui est entre autres le père de la déréglementation des marchés financiers et celui qui s’est engraissé sur le dos des Moulinex, après en avoir licencié des milliers !

Enfin, dans un temps où l’action directe par la grève et les blocages des outils de production par les travailleurs est au cœur du combat syndical contre la réforme des retraites, chacun prendra aisément conscience que si l’alliance a priori incompréhensible entre la société Baud et l’UD 94 de FO avait gagné ce procès, cela signifiait la criminalisation du syndicalisme de combat et d’action directe, pour le plus grand avantage des patrons.

CNT, UN SYNDICAT DE COMBAT !

Traditions de fin d’année : British Telecom Services dégraisse ses effectifs

Après 15 000 emplois supprimés en 2008 et 15 000 autres en 2009, British Telecom a décidé d’honorer ses traditions de fin d’année. C’est bien entendu la branche Services du groupe, accusée de plomber les résultats financiers du groupe British Telecom qui sera encore une fois en première ligne dans le collimateur des cost-killers. La direction du groupe, navigant à vue, a déjà fait tourner depuis trois ans, quatre différents PDG à la tête de la SSII avec, à chaque fois la mission de tailler dans les effectifs pour redresser ses comptes plutôt que de chercher une solution pour relancer son activité. Les salariés n’ont pas fini de payer au prix forts les rachats hasardeux du pôle infrastructures de CS et de la SSII Net2S, décidés il y a trois ans par ces grands loups de l’économie.

C’est dans cet état d’esprit que BT Services s’apprête à mettre en œuvre un plan de sauvegarde de l’emploi (comprendre un plan de licenciement) dans son entité française. L’ensemble des implantations devrait être touché, mais la région PACA devrait constituer le gros bataillon des futurs chômeurs. Les métiers qui iront remplir le Pôle Emploi seront surtout l’exploitation mainframe et le développement applicatif.

Comme le dit BT, sur la page recrutement de son site, British Telecom est « plus qu’un employeur. [BT] prend au sérieux ses responsabilités d’entreprise citoyenne. La façon dont [BT] gère les problématiques sociales, éthiques ou environnementales reflète très bien la façon dont les gens voient [BT), à la fois comme entreprise, et comme employeur. Dans cette optique, [BT] se construit une forte réputation ».

Le syndicat de l’industrie informatique sera ravi de propager la réputation que British Telecom Services se construit !


Source : http://www.lemagit.fr/article/services-bt-licenciements/7690/1/bt-services-taille-dans-ses-effectifs-regions/

Refusons la domestication de nos vies, refusons la LOPPSI !

Depuis 2002, les gouvernements successifs ont fait voter une quinzaine de lois pour étendre l’arsenal sécuritaire du pouvoir. Cette frénésie juridique est officiellement justifiée par la volonté d’adapter les outils répressifs aux nouvelles formes de criminalité, notamment les phénomènes de bande et les délits liés aux nouvelles technologies.
Derrière ces prétextes agrémentés de cas particuliers croustillants (agressions envers les personnes âgées, « pédopornographie »…),  se dessine un contrôle de plus en plus étroit de nos espaces de libertés et la privatisation croissante de ce contrôle. Dans cette optique, les nouvelles technologies, moins décriées quand utilisées par le pouvoir, sont largement mobilisées pour généraliser et automatiser la surveillance des populations.
Nouvelle incarnation de ce mouvement de fond, la Loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi 2) étend encore les possibilités techniques et juridiques de soumission de toutes les facettes de nos vies à une logique de contrôle tous azimuts.
Petit tour d’horizon des régressions en cours.

Travail-Famille-Pavillon

Au nom de la prévention d’éventuels « risques pour la salubrité, la sécurité ou la tranquillité publiques », le texte donne la possibilité au préfet d’expulser sous quarante-huit heures les occupants d’habitations hors normes ou illicites. Ces dénominations recouvrent pêle-mêle les campements, bidonvilles, mobil-home, maisons sans permis de construire ou les habitats choisis (yourtes, tipis, cabanes…). Les habitations incriminées pourront être détruites tandis que les occupants et les propriétaires des terrains, publics comme privés, se verront condamnés à de fortes amendes.
Manipulant l’image d’individus vivant dans un dénuement extrême et la compassion ou la crainte qu’ils peuvent susciter, le pouvoir instrumentalise la misère qu’il a lui-même contribué à créer pour réduire les possibilités d’échapper à sa logique.
Quelle comparaison établir entre la situation d’un sans-abri survivant sous tente au pied d’un pilier d’autoroute urbaine, et celle d’une famille établie en yourte au fin fond de la campagne bretonne ? Aucune si ce n’est qu’elles s’inscrivent toutes deux en marge du mode vie dominant.
En gommant les distinctions entre ces marginalités, l’une subie, l’autre choisie, le pouvoir fait coup double : il accentue encore la gestion purement sécuritaire des exclus du système, et institue la prohibition des choix de vie réfractaires au système.
Combiner droits de propriété et normes sanitaires et d’édification, est une figure de style classique des pouvoirs pour réduire l’emprise des populations sur leur choix de vie. Et toutes les occasions seront bonnes pour encore élargir les normes à respecter : détecteurs de fumée bientôt obligatoires, certification écologique… Autant de critères qui imposeront l’utilisation de matériaux, de techniques ou même de technologies spécifiques, ainsi que la contribution d’experts « agréés ». Autant de limitations de l’autonomie des populations quant au choix de leur mode de vie. Autant d’injonctions à embrasser un modèle fondé d’un côté sur le salariat, et de l’autre la sollicitation de prestataires rémunérés pour chaque aspect de nos vies.

LOPP-Story : la réalité devient télévisée

Vous avez aimé la vidéosurveillance ? Vous allez adorer la « vidéoprotection ». Armé de ce doux euphémisme, le texte autorise l’installation de caméras par les pouvoirs publics partout où bon leur semble. Les entreprises privées pourront faire de même aux abords de leurs locaux. Avec la miniaturisation des appareils, ceux-ci sont de plus en plus difficilement détectables. La couverture du territoire par vidéosurveillance est une « priorité » pour le gouvernement qui subventionne l’équipement des communes.
Impossible de traiter toutes les images issues de ces dispositifs ? Que nenni, le texte s’appuie sur les solutions logicielles de traitement automatique de flux de données. Le pouvoir s’octroie la possibilité de vérifier la conformité de nos comportements dans l’espace public avec ce qu’il en attend ; et ce en tout lieu et à chaque instant. Un pas de côté qui n’entre pas dans les grilles d’analyse des sentinelles humaines ou numériques ? Ces dernières interpréteront votre attitude comme hostile, subversive ou simplement suspecte et lanceront la réaction « appropriée ». Au nom de notre protection, c’est l’usage de notre espace commun qui se trouvera réduit à ce que nos gouvernants estiment légitime : aller bosser, consommer.

« Premier Life », « Second Life » : même surveillance

Beaucoup considèrent que les réseaux de communication numériques constituent de nouveaux espaces de liberté, loin des velléités sécuritaires des pouvoirs en place. Le gouvernement ne l’entend pas de cette oreille, car nul ne peut ignorer que la Toile est un sombre repère de terroristes et autres pédophiles. Le texte prévoit donc la possibilité d’intercepter les communications électroniques et de pénétrer à distance dans les machines des particuliers. Le pouvoir est aidé en ce sens par la structure de plus en plus centralisée des réseaux, et leur gestion par quelques grosses entreprises promptes à collaborer pour maintenir leurs bénéfices. Tout comme l’espace public, les réseaux numériques une fois nettoyés n’auront plus qu’une seule utilisation autorisée : les échanges commerciaux.

Fichage judiciaire : marquage à vie du sceau de l’infamie

Jusqu’à une époque récente, une personne condamnée par la justice pouvait bénéficier d’un « droit à l’oubli ». Les années écoulées effaçaient progressivement les « erreurs de jeunesse » de la mémoire collective, et les outils bureaucratiques permettaient encore l’« enfouissement » des dossiers. Avec l’instauration des fichiers numériques judiciaires et de police, la donne est radicalement changée. Car un fichier ne s’efface pas de lui-même et a rarement des trous de mémoire. Or la Loppsi propose d’étendre les possibilités d’inscription d’un individu dans ces fichiers. Les données relatives à une personne innocentée ne seront plus systématiquement supprimées. Alors que la taille excessive de ces fichiers et la véracité des éléments qu’ils contiennent sont largement remises en cause, il va être encore plus difficile d’en sortir. En outre, le texte prévoit l’interconnexion entre plusieurs de ces fichiers. Les recherches croisées au travers de ces différents fichiers réduiront encore les mailles du filet bureaucratique. La constitution de cette base de données conduira à la mise en place d’une hypermnésie institutionnelle revancharde, rappelant ad vitam aeternam que tel individu a un jour enfreint la loi.

Embaucher la moitié de la classe populaire pour surveiller l’autre…

La mise en application des mesures de la Loppsi et des lois qui l’ont précédée va générer activité et richesse, en quantité proportionnelle aux atteintes pour nos libertés que constituent ces textes, c’est-à-dire beaucoup. Or, dans notre monde libéral, aucune richesse ne saurait échapper à la voracité des « entrepreneurs » et autres « investisseurs ». Les délégations de service public se multiplient et le marché de la sécurité intérieure explose. Devant le nombre croissant d’acteurs privés intervenant dans le domaine, le texte prévoit la mise en place d’un « conseil national des activités privées de sécurité », chargé entre autre « d’assurer la discipline de la profession » et de « préparer un code de déontologie ». En affichant une volonté régulatrice voire « moralisatrice » du domaine d’activité, ce conseil n’a qu’un but : légitimer les appétits des officines privées pour le formidable gâteau sécuritaire. Au passage, cela permet de désamorcer les critiques d’esprits obtus, susceptibles de s’alarmer de la présence de motivations commerciales dans un domaine si sensible pour nos libertés individuelles. « Dormez tranquilles » semble nous répondre ce conseil, puisque la solution ultime est simplement de « surveiller les surveillants ».

Au-delà des atteintes à nos libertés individuelles, Loppsi 2 est un pas de plus dans la soumission de nos vies à la logique capitaliste. Un outil de destruction des autonomies populaires, visant à nous plonger dans le moule du salarié-consommateur, à criminaliser les alternatives à ce modèle et traquer ses réfractaires par un contrôle généralisé. Comble du cynisme ou simple cohérence idéologique, la gestion de ce contrôle accru est elle-même considérée comme source de profits.

Antoine, CNT STE-93

Joyeux noël aux salariés de Yahoo

D’après ALL THINGS DIGITAL, souvent bien informé comme tout journal financier anglo-saxon qui se respecte, Yahoo a décidé de tailler dans ses effectifs. Le plan de réduction d’effectifs initialement prévu de 20% sera probablement réduit aux alentours de 10% du personnel. Sans doute, les 396 millions de bénéfices dégagés par Yahoo au troisième trimestre 2010, ne suffiront pas à réaliser une bonne fusion avec AOL. C’est très probablement, le 13 décembre, que Carol Bartz , connue pour ses talents de cost-killer, annoncera, comment seront réparties ces suppressions d’emploi. Si les salariés de la Silicon Valley sont bien sur dans le viseur, il est encore trop tôt pour dire si Yahoo France verra aussi fondre ses effectifs.  Mais en ces temps, où les salariés ne sont plus que des centres de coûts dans un budget, et où le Père Noël distribue également des lettres de licenciement au pied de la cheminée, le Syndicat de l’Informatique tient à apporter ses meilleurs vœux de fin d’année aux salariés de Yahoo de France ou d’ailleurs, que ce soient ceux qui feront partie de la charrette que ceux qui devront rester à travailler chez Yahoo dans la peur de faire partie du dégraissage suivant.

Source : All things digital