Émission de radio sur ACTA et autres lois pour contrôler Internet

Voici l’émission Le monde merveilleux du travail du 5 mars 2012 sur Radio Libertaire (89,4Mhz FM en région parisienne), animée par le Syndicat de l’industrie informatique. Le thème de l’émission est ACTA et autres lois pour contrôler Internet.

Le_monde_merveilleux_du_travail.2012-03-05

Émission de radio sur l’épuisement professionnel (burnout)

Voici l’émission Le monde merveilleux du travail du 6 février sur Radio Libertaire (89,4Mhz FM en région parisienne), animée par le Syndicat de l’industrie informatique. Le sujet traité est le burnout, autrement appelé épuisement professionnel.

Le_monde_merveilleux_du_travail.2012-02-06

ACTA ne doit pas passer !

La dernière trouvaille liberticide pondue par la bureaucratie mondiale se nomme ACTA (Anti-Counterfeiting Trade Agreement) ou ACAC en français pour Accord Commercial Anti-Contrefaçon. De quoi s’agit-il ? C’est un traité international qui protégera les brevets et la propriété intellectuelle en générale, avec pour but principal la lutte anti-contrefaçon. Sont concernées les marchandises de toutes espèces, mais aussi les médicaments génériques et les technologies numériques.

En quoi ACTA est-il dangereux ? Tout d’abord, soulignons son caractère totalement anti-démocratique. Les négociations ont débuté officieusement en 2007, dans le plus grand secret. Les premières fuites concernant son existence sont apparues en mai 2008 sur Wikileaks, ce qui a permis de le faire timidement surgir de l’ombre. C’est en juin 2008 que débutent les négociations officielles, mais toujours dans le secret. Aucune consultation des peuples ! Aucun débat public ! Aucune information sur la nature des tractations en cours ! C’est dans ce contexte que nos élites dirigeantes ont publiées la version officielle du traité le 20 avril 2010, avant que le texte ne soit signé par l’UE le 26 janvier 2012. À noter que ce traité prévoit la constitution d’un Comité ACTA, instance indépendante capable de modifier par la suite les termes du traité, sans consultation des pouvoirs législatifs.

Une preuve de plus, s’il en fallait, de la fausse démocratie dans laquelle nous pataugeons, tandis que notre bien-pensante oligarchie s’occupe de tout décider pour nous, et bien souvent contre nous.

Plus grave que la forme, il y a le fond de ce traité, car ses impacts seraient aussi multiples que nuisibles. ACTA menacerait directement trois domaines : Internet, les supports numériques et les médicaments génériques.

Sur Internet, ACTA agirait comme la HADOPI française, en obligeant les fournisseurs d’accès et autres prestataires à divulguer les informations personnelles de leurs clients suspectés de piratage, mais aussi en les sanctionnant (restrictions d’accès à des sites, coupures d’Internet…). En bref, des sociétés privées deviendraient des polices du web et le libre partage des savoirs et de la culture serait soumis aux impératifs marchands.

Concernant le monde numérique, puisqu’il échappe depuis trop longtemps à la marchandisation au goût des multinationales, l’ACTA renforcerait dangereusement les DRM, ces protections numériques appliquées aux CDs, DVDs, mais aussi aux logiciels et fichiers virtuels. Ce sont des menottes qui peuvent empêcher, par exemple, de lire un document avec un certain logiciel, au hasard… un logiciel libre. Voilà pourquoi les défenseurs du logiciel libre sont particulièrement critiques à l’égard d’ACTA et craignent de voir la liberté piétinée par les brevets et les monopoles.

Enfin, ACTA va menacer les médicaments génériques, qui pourraient être saisis par les douanes comme des contrefaçons, alors que la vie de milliers de malades dépend de ces traitements, par exemple les malades du SIDA, dont les trithérapies coûtent extrêmement cher et qui ont besoin de ces médicaments aux prix plus abordables.

Voilà pourquoi nous devons dire non à ACTA ! Non aux lois anti-démocratique et liberticide ! Non à la main-mise commerciale sur notre culture, nos œuvres de l’esprit et nos médicaments !

Guillaume, Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT

La révolte Anonymous

Anonymous« Nous sommes anonymes. Nous sommes légion. Nous ne pardonnons pas. Nous n’oublions pas. Redoutez nous. » C’est ainsi que se présentent les Anonymous, sur plusieurs centaines de vidéos Youtube, de nombreux sites et des tracts. Il ne s’agit pas d’une organisation précise, mais d’un ensemble de hackers, geeks, pirates informatiques, des programmeurs ou de simples internautes révoltés. Certains éditorialistes, par soumission au système ou par méconnaissance, les ont traités de gamins de 15 ans ne sachant pas comment occuper leur temps ou de clowns, alors que leurs actions démontrent un sens politique très développé, de réelles compétences techniques, ainsi qu’une éthique et des revendications claires.

Nombreux sont ceux qui ont découvert le mouvement Anonymous la semaine passée, suite à leur contre-attaque massive dans l’affaire MegaUpLoad. Depuis que le site de partage et de téléchargement de fichiers a été fermé par le FBI, dans la nuit du jeudi 19 janvier, les représailles se sont multipliées. Les Anonymous ont fait tomber de nombreux sites de grandes sociétés de l’industrie culturelle, parmi lesquels ceux de Warner, Vivendi, Universalmusic, Sony, Disneystore, mais ils s’en sont également pris au FBI, dont le site est resté indisponible des heures, à celui de Hadopi, à des sites gouvernementaux brésiliens et états-uniens, et bien d’autres. Plus tard, après la déclaration de Sarkozy, qui s’est dit satisfait de la fermeture de MegaUpLoad, c’est le site de l’Élysée qui a été piraté (les observateurs auront vu des messages s’afficher dans l’url du site, tels que « Sarkozy le peuple aura ta peau »). Des cibles claires, choisies pour leur lien direct ou leur soutien aux lois liberticides qui tentent d’aliéner Internet à la loi de l’argent, de la surveillance et de la propriété. Seuls quelques crétins comme Christophe Le Barbier, patron de l’Express, ont réagit avec condescendance et mépris, en traitant les Anonymous de « voleurs » et en les mettant au défi de s’en prendre au site de l’Express, « blindé » selon lui. Peu de temps après, le blindé tombait…

Pourquoi ces attaques ? Simple jeu pour des geeks qui s’ennuient ? Le choix des cibles et le discours des Anonymous démontre clairement le contraire. Certes, l’attaque contre l’Express était probablement de trop, car la liberté d’expression suggère que chacun puisse s’exprimer, même les ahuris comme Le Barbier. Pour le reste, leur conscience citoyenne et politique est évidente. Les Anonymous ne sont ni des vandales, ni des terroristes, ce sont des militants, qui revendiquent un Internet qui demeure libre et ne soit pas inféodé aux États et aux grandes entreprises. Il leur est parfois reproché d’agir dans l’illégalité, mais ne faut-il pas, parfois, faire ce qui est illégal pour faire ce qui est juste ? À leur crédit, nous pouvons souligner leur démarche non-violente. Faire tomber un site n’a rien d’un terrorisme, car il n’y a pas destruction, or la plupart de leurs attaques ont été effectuées par DDOS, c’est-à-dire par déni de service (le site devient inaccessible). Ceci est temporaire, après quelques temps, le site fonctionne de nouveau. Cette méthode de protestation est donc l’équivalent virtuel d’une manifestation, qui empêcherait l’accès temporaire à un lieu.

Pourtant, ils sont capables de frapper bien plus forts. Ils ont notamment opéré plusieurs défacements (ou défaçages), néologisme qui signifie remplacer la page d’un site par une autre, technique utilisée par exemple pour soutenir l’insurrection en Syrie, où les sites de plusieurs villes syriennes ont vu leur contenu modifié par le chiffre des massacres du régime de Bachar El-Assad. Dans d’autres cas, ils ont réussi des extractions de données, menaçant de les révéler ensuite pour faire plier leurs adversaires, ce qui fut par exemple une réussite au Mexique, où les Anonymous ont menacé de révéler les noms et adresses de membres du puissant cartel de drogue Las Zetas, afin de faire libérer certains des leurs retenus en otage. C’était en 2011, année qui a également vu les Anonymous exhiber le fameux masque de Guy Fawkes en soutien au mouvement Occupy Wall Street. Cependant, les hacktivistes se sont illustrés par d’autres actions de protestation, notamment en décembre 2010, lorsqu’en soutien à WikiLeaks, lâché par PayPal, Mastercard et Visa à cause des pressions exercées sur ceux-ci par le FBI, ils ont piratés leurs sites. Outre cela, les Anonymous sont des adversaires connus de la Scientologie et des pédophiles, contre lesquels ils ont déjà lancé de nombreuses actions. Les autorités ont bien saisi le danger de ce groupe subversif, en effectuant plusieurs arrestations de pirates dans plusieurs pays du monde, réagissant comme toujours par la répression face au légitime combat pour la liberté.

Les Anonymous sont-ils anarchistes ? Ils se revendiquent officiellement sans parti, sans dogme, voire apolitique, mais il est évident que tout dans leur engagement et leurs actions est politique. Ouvertement sans hiérarchie, sans chef, ennemis déclarés des grands groupes et des lois liberticides des États, ils prônent la liberté d’expression, de partage des données et le respect de l’anonymat, s’opposant de manière ferme au contrôle et à la surveillance d’Internet et des technologies informatiques en général. Un discours et une pensée très libertaires, en somme. De plus, le masque de Guy Fawkes, utilisé dans toutes les manifestations publiques d’Anonymous, est une référence évidente au personne de V, héros masqué de V pour Vendetta, la bande-dessinée créée par Alan Moore, dans laquelle V est ouvertement anarchiste. Cela dit, il n’est guère possible de rattacher formellement un groupe aussi diversifié à une idéologie précise, même si les Anonymous sont assurément épris de liberté et tiennent un discours incitant à l’insurrection des peuples contre la machine autoritaire. Une occasion de rappeler l’article 35 de la Constitution française de 1793 : Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.

Revenons-en à l’affaire MegaUpLoad. Pourquoi une telle réaction des hacktivistes ? Après tout, Kim « Dotcom » Schmitz, patron du site, a raflé la mise en quelques années, devenant richissime sur le dos du partage et après un passé douteux, proche d’activités mafieuses. Pas exactement un personnage fantastique, mais la réaction des Anonymous doit être perçue au-delà de la seule fermeture de MegaUpLoad, qui n’est que la goutte d’eau, l’ultime provocation en date des gouvernements dans leur volonté de contrôler le monde virtuel. Un article sur la Toile mentionnait récemment que l’attaque contre le site hadopi.fr était sans fondement, ce qui est bien entendu une ânerie. Les Anonymous, comme toute personne se préoccupant un temps soit peu des libertés individuelles, sont les ennemis de toutes les lois sécuritaires : Loppsi et Hadopi en France, PIPA et SOPA aux États-Unis. C’est d’ailleurs contre ces deux lois que le site anglophone de Wikipédia s’est mis en berne le 18 janvier, pour protester contre la liberté bafouée. La dernière loi scélérate qui nous pend au nez est d’autant plus dangereuse qu’elle est peu connue, il s’agit d’ACTA (Anti-Counterfeiting Trade Agreement), en préparation un peu trop secrète pour être honnête, dans les cerveaux pourris de nos bureaucrates. Cette loi est une version supérieure (un « upgrade » si l’on veut) de Hadopi, qui vise tout simplement à museler la liberté sur Internet. En interdisant les contenus jugés pirates, elle vise donc directement les contenus (images, vidéos, musiques) qui circulent sans rémunérer leurs auteurs. Deux choses à ce sujet. La première, c’est le caractère totalement anti-démocratique des procédures, qui se font en secret sans consultation des peuples, mais aussi parce que la loi fera des hébergeurs et des fournisseurs d’accès des juges, puisque ces sociétés privées auront autorité pour sanctionner les internautes qui téléchargeront des contenus illégaux, notamment en restreignant l’accès à certains sites, voire en coupant carrément leur connexion Internet. Flicage et censure aux mains d’entreprises privées ! La seconde chose, c’est la notion de propriété intellectuelle. Le capitalisme aime l’argent, il aime tout rentabiliser et son système est fondé sur la propriété, y compris de tout ce qui n’est pas matériel : les œuvres de l’esprit. Sous prétexte de garantir aux auteurs leur rémunération, les gouvernements, laquais des lobbies, pondent leurs lois anti-piratage, alors que ceux qu’elles protègent réellement, ce sont ces lobbies, qui se gavent sur le dos des artistes, ou encore les ayants-droits, ces héritiers d’artistes devenus rentiers grâces à leurs ascendants sans avoir jamais rien créer d’eux-mêmes. Il faut arrêter le délire collectif : les groupes de l’industrie culturelle et les gros artistes se portent à merveille, leurs comptes en banque débordent tandis que des millions de gens n’ont pas les moyens d’acheter films, séries, livres et musiques. Qui sont les voleurs dans ce système ?
Alors jusqu’où ira cette logique de propriété intellectuelle ? Sera-t-on un jour arrêté dans la rue si l’on sifflote une mélodie déposée ? Devra-t-on payer des amendes à chaque fois que nous prêterons un DVD à un proche ? Serons-nous les esclaves éternels d’un système qui veut nous faire payer pour tout et coller des copyright sur tout ? À quand une taxe sur chaque goulée d’air inspirée ? Tout comme l’eau et l’air, les notes de musique, les images, les mots et les idées ne devraient appartenir à personne, mais à tous.

Pour préserver les droits et la liberté de chacun, les Anonymous invitent tous ceux qui le souhaitent à se joindre à eux pour une manifestation non-violente et festive, qui devrait envahir les rues au mois de mars. Les informations sont à suivre sur www.anonymact.fr
Ils lancent également un boycott général (Black March) qui aura lieu pendant tout le mois de mars et qui concernera tous les produits culturels : ni musiques, ni films, ni livres, ni jeux vidéos. Leur stratégie consistera à attaquer les industriels au porte-feuilles.

Guillaume, Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT

Les horaires des cadres, une légende urbaine

Faites un test. Demandez à dix ou vingt personnes autour de vous ce qu’il en est du statut de cadre et écoutez leurs réponses, ce sont à peu de choses près toujours les mêmes : « les cadres n’ont pas d’horaires », « quand tu passes cadre, tu ne comptes plus tes heures », « pas d’heures supp’ pour les cadres » etc. Aujourd’hui, le statut cadre est très répandu dans l’informatique, y compris pour des postes où il n’y a personne à encadrer, mais c’est également vrai dans tout le tertiaire et bien au-delà. Toutefois, partout la même méconnaissance effrayante de ce statut, y compris chez les cadres eux-mêmes. Partout la même légende urbaine qui voudrait que les cadres n’aient pas d’horaires.

Ceci est complètement faux. En réalité, seuls les cadres dits « dirigeants » travaillent hors des règles conventionnelles. Cette catégorie est définie par le Code du Travail, article L.3111-2 comme suit : « Sont considérés comme ayant la qualité de cadre dirigeant les cadres auxquels sont confiées des responsabilités dont l’importance implique une grande indépendance dans l’organisation de leur emploi du temps, qui sont habilités à prendre des décisions de façon largement autonome et qui perçoivent une rémunération se situant dans les niveaux les plus élevés des systèmes de rémunération pratiqués dans leur entreprise ou établissement ».

Autant dire que la très grande majorité des cadres n’est pas concernée. Pour cette majorité, les lois sur le temps de travail s’appliquent comme à tous les salariés et elles sont plutôt simples à retenir : la durée quotidienne maximale de 10h (article L.3121-34), la durée légale hebdomadaire de 35h (article L.3121-10) et les durées hebdomadaires maximales de 44h en moyenne sur 12 semaines consécutives (article L.3121-35 et L.3121-36), c’est-à-dire le maximum en prenant en compte les heures supplémentaires. Tout cadre non dirigeant bénéficie de ces réglementations, alors pourquoi ce mythe du cadre sans horaires ?

C’est une croyance qui est probablement due à la notion de convention de forfait, dite aussi forfait annuel. Qu’est-ce donc ? Tout simplement une partie du Code du Travail, articles L.3121-42 et  L.3121-43 plus précisément, qui autorise certains salariés à convenir avec leur entreprise d’un aménagement du temps de travail sous la forme d’un forfait annuel. En bref, les deux parties conviennent que le salarié doit effectuer une durée de travail X sur un an, à répartir relativement librement, c’est ainsi qu’il devient possible de travailler plus de 10h par jour ou plus de 35h par semaine, mais attention, là encore tout n’est pas possible. Signer un forfait ne signifie par que toute législation disparaît.

Pour bien comprendre, il faut tout d’abord distinguer les deux types de forfaits existants : en heures ou en jours. La différence n’est pas négligeable, car dans le cas d’un forfait en heures, les règles de temps de travail demeurent les mêmes, la seule différence étant la possibilité d’aménager son emploi du temps (par exemple 10h de travail un jour, puis 6 le lendemain). Ainsi, la durée quotidienne maximale, la durée légale hebdomadaire et les durées hebdomadaires maximales s’appliquent. Ce n’est pas le cas pour le forfait en jours, où précisément les salariés ne sont pas soumis à ces trois réglementations et peuvent donc effectuer plus de 10h par jour, entre autres. Alors comment un salarié peut-il savoir s’il est concerné ? Très simple : pour être sous le régime d’un forfait, que ce soit en heures ou en jour, il faut que le contrat de travail le stipule clairement ou qu’un avenant à ce contrat de travail, signé par les deux parties, le stipule. À défaut, le salarié n’est pas au forfait. Le statut de cadre n’implique pas automatiquement un forfait, ainsi il est possible de signer un avenant pour passer cadre sans que les horaires soient modifiés.

Et les heures supplémentaires dans cette histoire ? Perdues pour les cadres ? Pas du tout. Les cadres en bénéficient normalement, sauf les cadres dirigeants et les cadres ayant signé un forfait en jours, qui ne peuvent pas y prétendre. Nous sommes donc bien loin du mythe du cadre sans horaires et sans droits (à écouter certains !). Petit bonus à retenir : il est deux lois dont tous les cadres bénéficient, y compris les forfaits en jours, c’est tout d’abord la pause dite « syndicale », de 20 minutes minimum dès que le temps de travail atteint 6 heures (article L.3121-33), et le repos quotidien d’une durée minimale de onze heures consécutives (article L.3131-1), qui empêche donc, par exemple, de reprendre à 9h quand un salarié a terminé la veille à 23h.

Nous voyons bien que les certitudes répandues sur les cadres relèvent de la superstition, née de l’incroyable faculté des salariés à méconnaître leurs droits. Pour ne pas tout accepter de son patron, la meilleure solution reste encore de s’informer sur le droit du travail, mais aussi sur sa convention collective et l’accord de réduction du temps de travail de son entreprise, qui améliorent presque systématiquement la base qu’est le Code du Travail, même dans le cas d’une convention aussi déplorable que la SYNTEC… Il est plus que temps que les cadres se penchent sur leurs droits, premier pas vers une nécessaire révolte, car, quoique puisse leur souffler leur naïveté ou leur orgueil, ce sont des travailleurs comme les autres.

Guillaume, Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT

Logica annonce 1300 supressions de poste en Europe

Dans toutes les SSII, les managers font comprendre aux travailleurs que l’air du temps est au serrage de ceinture parce que c’est la crise, qu’elle est mondiale et qu’on ne peut rien y faire puisque les clients repoussent leurs projets d’investissements. Ce qu’ils ne disent pas, c’est que la crise, c’est quand il n’y a plus d’argent une fois qu’ils se sont servis à coup de bonus, de stock-options ou de parachutes dorés et qu’ils ont servis les actionnaires.

Chez Logica, cette  logique purement boursière est au moins assumée. Logica ne se donne même plus de la peine de faire croire que l’entreprise est au bord du gouffre puisqu’elle annonce que si elle supprime 1300 emplois en Europe, ce n’est que pour hisser la marge au dessus de 6,5% du chiffres d’affaires au second semestre 2012.

Au moment où Logica annonce ce plan de restructuration (comprendre la suppression massive de postes et l’accélération de l’automatisation et des délocalisations), le président du Syntec Guy Mamou Mani continue à nous asséner ses propos lénifiants sur une année 2012 qui continuerait à être marquée par une pénurie d’informaticiens. Qui se moque de nous ? Logica, le Syntec, ou les deux ?

Logica illustre parfaitement la SSII type dénoncée par la récente étude du Pôle emploi. Dés qu’un rebond apparait dans un secteur, l’entreprise n’est plus à même d’y répondre parce que n’ayant pas de politique à long terme de gestion des carrières, elle préfère choisir le turn-over par toutes sortes de moyens (soit en poussant à la démission, soit en licenciant) plutôt que d’investir dans les compétences de ses salariés par de véritables politiques de formation, de promotion et de progression salariale. La seule stratégie de Logica sur le long terme consiste à pousser de plus en plus le départ des emplois vers des pays à bas coûts dans lesquels les salariés n’ont pas de droit du travail, cassant ainsi de plus en plus en France, le marché de l’emploi, le niveau des salaires, les conditions de travail.

Face à ce rouleau compresseur dopé par la peur de la crise, nous devons nous unir et nous organiser pour défendre nos intérêts avant qu’ils ne soit trop tard pour ne pas définitivement sombrer comme ont déjà sombré de nombreux autres secteurs d’activité. Ce n’est pas en restant isolés que nous pourrons établir un rapport de force avec des entreprises de cette taille. Parce que ce qu’oublient les dirigeants de ces SSII, c’est que leurs entreprise ont bien plus besoin de leurs salariés que des actionnaires pour fonctionner. Et les salariés ont le pouvoir de le leur rappeler.

Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT

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ATOS : Thierry Breton continue son monopoly pendant le gel des salaires

Un an après avoir racheté Siemens, Thierry Breton, le PDG omnivore a décidé d’investir en Chine plutôt que d’investir dans la masse salariale française.

Atos vient en effet de s’allier avec la SSII chinoise UFIDA et a investi avec celle-ci 5,7 millions d’euros dans une coentreprise nommée Yunano, dont Atos détient 70% et Ufida 30%.

Cela fait des années depuis l’arrivée de Thierry Breton à la tête d’Atos que la direction explique pour applique le programme TOP que les salariés doivent faire des sacrifices et renoncer à leurs augmentations. Cela fait des années que la direction tire les coûts vers le bas. Cela fait des années qu’Atos n’investit plus dans ses ingénieurs en France, leur préférant des salariés de pays à bas coûts où les salaires et les conditions de travail les rend corvéables. Mais cette politique de délocalisation n’est qu’une fuite en avant. Les Français, trop chers sont petit à petit remplacés par des Indiens sur les projets et les contrats de TMA d’Atos. Cette politique de délocalisation en Inde n’a même pas encore été poussée jusqu’à son terme qu’Atos a déjà choisi son nouvel eldorado pour casser encore les coûts de ses services, ce que la direction d’Atos appelle « devenir un gros acteur en Chine » alors qu’Atos ne cache même pas qu’il s’agit de répondre à des besoins de services en Europe.

Et pour pratiquer cette politique de cassage des salaires, et pour satisfaire l’avidité rapace de Thierry Breton dont l’ego surdimensionné le pousse à sans cesse racheter des entreprises pour « avoir la plus grosse », les millions si difficiles à trouver pour augmenter les salaires et améliorer les conditions de travail devenues de plus en plus déplorables ces dernières années, apparaissent comme par enchantement pour racheter des entreprises les unes après les autres.

Alors, puisque Thierry Breton vient de se découvrir un nouvel intérêt pour l’empire du Milieu, qu’il n’oublie pas cette pensée de Mao Tse Toung, un leader chinois qui doit certainement représenter un modèle d’autoritarisme pour lui : Le poisson pourrit toujours par la tête

Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT

Steve Jobs est mort… et alors ?

La mort a souvent cet avantage de bonifier la vie. Elle applique une sorte de vernis brillant au souvenir de celui ou celle qui vient de décéder, métamorphosant les tyrans en conquérants, les citoyens ordinaires en héros et les génies du marketing et de l’exploitation en génies tout court. À l’annonce du décès de Steve Jobs, patron d’Apple, les media se sont rués sur l’occasion de saluer unanimement le génie, le bienfaiteur des nouvelles technologies, le présentant parfois comme ayant fait plus de bien à l’humanité que beaucoup d’autres. « Génie » et « bienfaiteur » seront probablement les épitaphes choisies pour sa pierre tombale, révélant en cela comment la société dans laquelle nous vivons trafique les vraies valeurs.

Loin de nous l’idée de nous réjouir du décès d’un homme, quelqu’il soit, mais il faut remettre les choses à leur place : Steve Jobs était avant tout un PDG et un spécialiste du marketing. Sa création, Apple, n’était pas autre chose qu’une gigantesque machine à faire du fric, pour engraisser ses cadres dirigeants et ses actionnaires. Bien que, sous son impulsion, les technologies de l’informatique et du multimedia aient fait d’énormes progrès, qui profitent à tous, il ne faut pas omettre de signaler dans quel but ils ont été réalisés. L’iPod, l’iPhone ou l’iPad sont des objets purement marketing, qu’il faut renouveler tous les ans si l’on souhaite rester « branchés » et s’inscrivent en cela dans la plus pure tradition consumériste et capitaliste de notre temps. En cela, nous pouvons reconnaître à Steve Jobs d’être un génie en matière de marketing, un multiplicateur de devises à la Bill Gates, en somme. Gageons qu’à la mort de ce dernier, la réaction internationale ne sera pas différente, saluant le génie qui fit avancer l’humanité toute entière, et pourtant il n’y aurait pas eu de Bill Gates sans les PC d’origine IBM et l’achat du système d’exploitation QDOS, pour en faire MS-DOS, puis Windows. Ces logiciels n’ont pas été inventés par Bill Gates, mais sûrement par des informaticiens qui, eux, sont d’illustres inconnus.

L’informatique et les NTIC ont créées leurs héros, mais derrière eux se cachent de nombreux anonymes, véritables artisans, véritables travailleurs et probablement véritables destinataires des louanges attribuées à Steve Jobs. Ne nous privons pas d’émettre une critique à l’égard de ce déferlement médiatique de condoléances mielleuses, qui masquent au passage l’attribution des prix Nobel qui récompensent des travaux de grande importance scientifique et de grande qualité littéraire. N’y a-t-il pas là plus grande bienfaisance pour l’humanité ? La poésie ne rapporte par autant que l’iPhone, il est vrai…

Peut-être les media devraient-ils présenter des reportages sur les conditions des travailleurs chinois de Foxconn, qui fabriquent les joujous d’Apple pour un salaire de misère, ou bien s’intéresser aux comportements de ces gens rendus toxicos par l’omniprésence de leur iPhone, véritable drogue moderne créant une illusion de contact permanent avec le monde ? Peut-être pourraient-ils évoquer le coût écologique monstrueux de la fabrication de millions d’iPad et autres gadgets à renouveler sans cesse pour satisfaire la stupidité crasse de consommateurs et la gloutonnerie des actionnaires de feu Steve Jobs ? Peut-être pourrait-on discuter de la responsabilité morale d’une entreprise comme Apple lorsqu’apparaissent des applications iPhones aussi sordides que « Mon fils est-il gay ? » ou « Juif / pas juif » ?

Gageons que si le iParadis existait, il serait probablement déjà envahi par des projets de iAuréoles et de iNuages 2.0, mais par bonheur, le néant n’a cure du marketing.

Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT