ACTA rejeté !

C’est officiel, ACTA a été rejeté ! L’Accord Commercial Anti-Contrefaçon voulu par la bureaucratie mondiale et les industriels a finalement été massivement refusé par le Parlement Européen, le 04 juillet 2012, par 478 voix contre et 39 pour (et 165 abstentions). Pas de quoi nous convertir au parlementarisme pour autant, mais cela représente tout de même une victoire.

Petit rappel des faits : en 2008, Wikileaks révélait l’existence de négociations secrètes au niveau mondial pour préparer un accord international, l’ACTA, dans le but de protéger les brevets et la propriété intellectuelle dans tous les domaines : marchandises, médicaments et outils numériques. Depuis, de nombreuses voix s’étaient élevées pour dénoncer ces négociations à huis-clos, donc totalement anti-démocratiques, mais surtout dangereuses sur le fond, puisque l’ACTA aurait été un ennemi majeur pour le logiciel libre et toutes les formes de partage sur Internet, mais aussi pour les médicaments génériques et les semences agricoles, avec la volonté de soumettre tant la culture que la santé aux impératifs marchands.

L’année 2012 a été riche en luttes pour anéantir l’ACTA. De nombreuses associations, comme la Quadrature du Net, l’April, Act’Up, mais aussi des syndicats comme le nôtre et bien d’autres acteurs ont relayé l’information et participé aux manifestations qui ont eut lieu dans tous les pays signataires de l’accord. C’est grâce à cette information, à ces mobilisations physiques et au remue-ménage qui en a découlé que l’ACTA a pu être mis en lumière et finalement abattu, au grand dam des décideurs et de leurs intérêts.

Le 02 juin dernier, lors de la fête du SII, nous avions justement organisé un débat autour des dangers d’ACTA et autres lois liberticides (Hadopi, Dadvsi…), avec la participation de la Quadrature du Net et de Lorraine Data Network, que nous remercions encore. Ce débat, comme notre émission sur Radio Libertaire en mars, avait pour but d’informer sur les menaces de ces lois, car depuis quelques années, le monde numérique ne cesse d’être attaqué par ceux qui voudraient le contrôler pour mieux le rentabiliser, et ACTA n’était que le dernier assaut en date. Nous sommes donc particulièrement satisfaits de cette victoire, qui en est une bien au-delà du monde numérique, nous pensons par exemple aux personnes atteintes du SIDA.

Cependant, la lutte est loin d’être terminée. Nul doute qu’un projet équivalent à l’ACTA apparaîtra tôt ou tard pour le remplacer. La vigilance et la mobilisation restent donc de mise, notamment en ce qui concerne la France. La nouvelle bureaucratie présidentielle repeinte en rose a annoncé la fin de la Hadopi dans son programme, mais que valent les promesses de campagne ? Pas grand-chose sans lutte de terrain, à la base.

Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT

Vent mauvais chez Blizzard

Le mardi 15 mai 2012 a fait l’effet d’une bombe dans l’univers des jeux vidéos. Pour le commun des mortels, ce fut sans doute un jour normal, mais pour les joueurs du monde entier, ce fut la sortie de Diablo 3, la suite tant attendue de la série des Diablo, autrement dit un événement dans le milieu des geeks. Le jour même, 3,5 millions d’exemplaires du jeu se sont vendus, soit la vente la plus rapide de tous les temps pour un jeu vidéo.

Jusque-là, pas de surprise, mais très vite, problème. Les jours suivants ont vu la colère des joueurs se déchaîner contre Blizzard, l’emblématique entreprise états-unienne éditrice du jeu. Des pétitions et des réclamations ont fusé sur tous les forums. Motif : impossible de jouer, en raison de l’indisponibilité récurrente des serveurs de Blizzard, car c’est la nouveauté qu’apporte Diablo 3 par rapport à ses prédécesseurs : il impose une connexion à Internet permanente. Si pas d’Internet à la maison, pas de jeu. Si les serveurs de Blizzard tombent, pas de jeu. Pourtant, il ne s’agit pas d’un jeu de type MMORPG, c’est-à-dire multi-joueurs en ligne, mais un jeu auquel on joue ordinairement seul. Pour le joueur, il est donc totalement inutile de jouer via Internet, le jeu « en local » suffit amplement. Donc, colère.

Cela étant dit, on pourrait considérer que ces déboires ne font que frustrer quelques accros de jeux vidéos boutonneux, qui gagneraient à mettre leur nez dehors lorsque leur jeu favori est indisponible. Peut-être, mais il est intéressant d’aller plus loin. Pourquoi Diablo 3 impose-t-il le online ? Pourquoi Blizzard conçoit-il un jeu d’une manière a priori absurde ? Ah ! Capitalisme tout puissant, quand tu nous tiens !

Pour comprendre, reprenons les bases. Un jeu est, comme un livre ou un disque, et que nous le voulions ou non, un bien marchand de « l’industrie culturelle ». Il rapporte donc de l’argent, même beaucoup d’argent. Pris sous cet angle, le tout-online prend sens. Tout d’abord, puis-je vendre d’occasion un jeu qui est menotté à un compte Internet hébergé par l’éditeur du jeu ? Non. Ensuite, puis-je utiliser une version piratée du jeu ou même seulement le modifier moi-même quand il est contrôlé en permanence par le serveur de Blizzard ? Non, ou en tous cas beaucoup plus difficilement.

C’est l’explication officielle de Blizzard pour justifier son tout-online : la lutte contre le piratage. Est-ce qu’il n’y aurait pas là le même relent méphitique que chez les défenseurs d’Hadopi et ACTA ? Ah bah si, tiens ! Il ne faudrait surtout pas que quelques méchants pirates jouent sans payer le jeu, même si, malgré le colmatage de ces prétendues fuites de revenus, le prix des jeux ne cesse de grimper depuis 15 ans (60€ pour Diablo 3 en téléchargement !). Bizarre, Blizzard…

Ce type de DRM (système de contrôle des outils numériques) est aujourd’hui courant sur beaucoup de jeux vidéos, qu’il s’agisse d’une authentification initiale sur Internet ou d’une connexion permanente (un peu comme si Ikea traçait vos meubles pour vérifier ce que vous en faites à la maison). Contrôler les joueurs pour maximiser les profits, nous sommes bien dans le capitalisme, mais ce n’est pas fini, il y a bien mieux, ou comment la spéculation peut gangrener le jeu vidéo. Impossible ? Bien au contraire.

Explications. Diablo 3 est un jeu de type RPG, c’est-à-dire un jeu de rôle. Le joueur incarne un personnage au travers duquel il entre en interaction avec le monde virtuel du jeu : il tue des monstres, ouvre des portes, ramasse des objets, etc. Le personnage est évolutif, et doit notamment changer régulièrement son équipement (casque, épée, bottes, etc.) pour devenir plus fort. Les monstres tués, entre autres, donnent des objets, c’est ce qui est appelé le loot. En théorie, donc, le loot permet au joueur d’être autonome dans le jeu, en équipant son personnage avec ce qu’il trouve, mais bien sûr on ne trouve pas toujours l’équipement qui nous convient, donc un éditeur comme Blizzard, futé, créé l’Hôtel des Ventes (HDV), une sorte de bourse où les joueurs peuvent s’échanger leurs objets. Jusque-là, pas de problème, jusqu’à ce que Blizzard annonce deux Hôtels des Ventes : l’un en argent virtuel, l’autre en argent… réel. Qu’est-ce à dire ? C’est simple, dans le premier, on peut acheter à un joueur un objet virtuel avec notre argent virtuel gagné dans le jeu. Avec le second, on peut acheter un objet virtuel avec notre argent réel (via PayPal). Petite précision : comme tout se passe chez Blizzard, l’entreprise se prend un pourcentage sur toute transaction. Maximiser les profits, on vous dit…

Et alors, diront certains ? Il suffit de refuser de payer en argent réel. Certes, mais c’est là que peut intervenir la spéculation. Imaginons des bandes de traders qui achèteront tout de suite les objets les plus recherchés sur l’HDV en argent virtuel pour ensuite les vendre sur l’HDV en argent réel. Blizzard lutterait-il contre ce genre de dérives ? Des dérives qui lui rapporteraient gros ? Autorisons-nous le scepticisme. Ajoutons que ce scénario des traders est tout à fait réaliste, quand on connaît d’autres dérives existantes, comme les milliers d’exploités chinois qui travaillent au farming, c’est-à-dire à la génération d’objets ou d’argent virtuels, qu’ils vendent ensuite via eBay ou des forums. Ainsi, Blizzard n’invente rien, mais veut canaliser et contrôler ce farming, pour le monétiser.

Cerise sur le gâteau : des rumeurs courent sur de possibles trucages du loot, à savoir que dans les hauts niveaux du jeu, les joueurs ont constatés une faible génération « naturelle » d’objets, qui les oblige à passer par l’Hôtel des Ventes pour terminer le jeu. De là à imaginer que Blizzard pousse volontairement les joueurs vers l’HDV, il n’y a qu’un pas. Cela dit, il est trop tôt pour accréditer cette théorie, d’autant que les Diablo ont toujours été basés sur le principe de longues heures de jeu pour dégoter le bon matériel. L’HDV en argent réel n’est ouvert que depuis le 15 juin, donc il reste à attendre et à observer jusqu’à quel point Blizzard a sombré.

Qu’a-t-il bien pu se passer ? Comment en est-on arrivé à ce que Blizzard, jadis figure de proue de l’innovation des jeux PC et fer de lance de la création d’univers originaux, se retrouve si bas ? Comment expliquer qu’un vendeur de la Fnac en rupture de stock le surlendemain de la sortie vous explique que la pénurie générale (générale !) ne peut être que voulue par Blizzard pour maximiser l’achat en ligne sur son site, qui lui rapporte plus que via les intermédiaires ?

La réponse pourrait tenir en un nom : Vivendi. À l’origine, Diablo premier du nom a été développé par une petite équipe de passionnés, qui avait créé une société nommée Condor. Ils ont vendu le concept de leur jeu à Blizzard, qui a alors racheté la petite Condor pour en faire Blizzard North, qui a ensuite également développé Diablo 2. Puis les passionnés de Blizzard North sont partis, et la division a été dissoute. Diablo 3 est différent. Diablo 3 a été développé par ce qui est aujourd’hui Activision-Blizzard, une division détenue majoritairement depuis 2008 par… Vivendi SA. Et dans le même temps, le marketing a remplacé la passion du jeu, les développeurs créateurs ont été supplantés par de simples vendeurs de licences. Coïncidence ? Ce doit être ça…

Guillaume, Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT

Émission de radio sur les transactions haute fréquence

Voici l’émission Le monde merveilleux du travail du du 4 juin 2012 sur Radio Libertaire (89,4Mhz FM en région parisienne), animée par le Syndicat de l’industrie informatique. Le sujet est le high frequency trading, les transactions à haute fréquence !

Le_monde_merveilleux_du_travail.2012-06-04

Émission de radio sur l’obsolescence programmée

Voici l’émission Le monde merveilleux du travail du 7 mai 2012 sur Radio Libertaire (89,4Mhz FM en région parisienne), animée par le Syndicat de l’industrie informatique. Le sujet est l’obsolescence programmée !

Le_monde_merveilleux_du_travail.2012-05-07

L’obsolescence programmée des nouvelles technologies

Tous les deux ans, voire de plus en plus tous les ans, nous avons droit à une nouvelle technologie, que ce soit en multimédia, en téléphonie ou bien entendu en informatique. Il est étonnant de constater que la période de chacune de ces pseudo-révolution technologique correspond à peu de chose près à la durée des garanties de nos appareils. Un soupçon de paranoïa irait nous faire penser que les fabricants sont derrière tout ça et inventent de toute pièce de soi-disant nouvelles technologies pour nous inciter à renouveler sans cesse nos matériels.

Pourtant, le cycle de vie réduit des produits de consommation n’a rien à voir avec la paranoïa et tout à voir avec l’obsolescence programmée. Ce phénomène n’est pas nouveau et touche depuis les années 1920 à peu près tous les biens de consommation, de l’automobile aux bas résille, et de l’électroménager aux composants électroniques. L’informatique est donc loin d’être seule concernée, bien qu’elle soit un exemple majeur de ce qui représente probablement à ce jour la plus grande arnaque montée par le capitalisme.

Le principe est extrêmement simple à comprendre. Pour vendre plus, il faut que le consommateur achète plus. Pour qu’il achète plus, il faut qu’il renouvelle le plus possible ses biens. Un fabricant a financièrement bien plus intérêt à vendre un logiciel ou un ordinateur tous les deux ans que tous les dix ans, même si une telle durée de vie est techniquement réalisable (et c’est le cas, ne nous y trompons pas). La question qui a germé dans l’esprit des capitalistes des années 20 était simple : comment faire pour que le consommateur consomme plus souvent que nécessaire ? La réponse est double et se trouve dans les deux visages de l’obsolescence programmée.

La première réponse se trouve dans la conception même des produits. C’est ce qu’a fait Apple avec les trois premières générations d’iPod, pour lesquelles la batterie était techniquement conçue pour ne durer que 18 mois. Passé ce délai, les batteries sont bel et bien tombées en panne, mais Apple a proposé à ses clients de changer complètement de matériel plutôt que de réparer ses produits défectueux. Le remplacement des batteries a du être imposé à Apple par la justice états-unienne. Un autre exemple, que l’on trouve très bien illustré dans le film documentaire Prêt à jeter1, est celui de l’imprimante (Epson Stylus C42UX dans le film, mais l’exemple est valable bien plus largement). Le fabricant avait placé dans son imprimante une puce dont le seul but était de bloquer le fonctionnement de la dite imprimante après un certain nombre d’impressions, bien que le matériel soit toujours parfaitement fonctionnel. Et le consommateur de jeter son imprimante pour en acheter une autre… Un dernier exemple pour la route, celui des conceptions « en bloc », c’est-à-dire le fait de fabriquer du hardware en rendant les composants solidaires les uns des autres, si bien que dès qu’un composant grille, l’intégralité du système est à jeter.

La seconde réponse se trouve dans la mode et le marketing. Le designer industriel états-unien Brooks Stevens disait, dans les années 1950, qu’il fallait « inculquer à l’acheteur le désir de posséder quelque chose d’un peu plus récent, un peu meilleur et un peu plus tôt que ce qui est nécessaire ». Une recette qui a largement inspiré feu Steve Jobs, mais aussi tous les industriels de l’informatique. Microsoft n’a pas fait autre chose quand, en 2006, son service après-vente et sa maintenance des systèmes Windows 98 et Millenium ont cessé. Objectif : inciter les utilisateurs à passer sur les nouveaux systèmes d’exploitation, qui (au passage) nécessitent de nouveaux hardware, puisque plus lourds à supporter (il faut plus de mémoire vive, plus d’espace disque etc.). Le top du top de l’obsolescence programmée est atteint lorsque c’est le consommateur lui-même, bien dressé, qui se rue sur chaque nouveauté qu’on lui agite sous le nez (cf. les défilés périodiques d’illuminés devant les Apple Store).

Petit bilan de l’obsolescence programmée. Qui y gagne ? La production et la croissance, bien entendu, comprendre : quelques industriels et leurs actionnaires. Qui y perd ? Sans surprise, sur le podium nous retrouvons tout d’abord le citoyen occidental, arnaqué et pressé comme un citron, bien que ce soit en partie du à sa propre bêtise, puis en seconde position l’éternel victime du ricochet capitaliste qu’est l’habitant du tiers-monde. En ce qui nous concerne, c’est l’Afrique de l’Ouest qui fait office de gigantesque décharge pour tous les produits informatiques (mais aussi électroménagers et multimédia) jetés par l’Occident. Et enfin, la grande perdante est, comme toujours, la Terre, dont les matières premières non renouvelables (métaux, énergies fossiles, lithium, indium etc.) sont pompées et restituées sous forme de tonnes de déchets polluants.

Prises sous l’angle de l’obsolescence programmée, nous comprenons bien que les dites innovations n’innovent en rien. Les nouvelles technologies sont de purs produits marketing, qui n’apportent rien de nouveau sinon un esthétisme inutile et quelques applications-gadgets tout aussi inutiles. Que se passerait-il si les industriels étaient tenus à des garanties de 10 ans ? Que se passerait-il s’ils étaient forcés de concevoir leurs produits pour les rendre réparables et non l’inverse ? Ce serait assurément un coup mortel porté à « l’innovation pour l’innovation » et un coup mortel pour quelques comptes en banque… Et alors ?

Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT

Notes :
1. Prêt à jeter, de Cosima Dannoritzer, Allemagne, 2010, disponible sur Arte

Il est né le divin iPad 3 !

C’est le printemps, les oiseaux chantent, les arbres bourgeonnent et les gogos se jettent sur l’iPad 3, sorti le 16 mars dernier. Comme à chaque fois, Apple fait un carton sur les ventes de son dernier gadget tactile, il n’est donc pas étonnant que le Journal du Net annonce le 04/04/2012 que la société a atteint son plus fort titre en bourse, à 632,2 dollars, et il pourrait encore progresser de 60% en deux ans.

Grandiose pour les actionnaires de la pomme, un peu moins pour les sous-traitant…

Dès que l’on retire les chiffres mirobolants et les commentaires extatiques sur le design des produits, l’image d’Apple n’est soudain plus si dorée. Le cas du sous-traitant chinois Foxconn mérite un peu d’attention. Cette gigantesque entreprise d’électronique est le premier producteur mondial de composants informatiques et multimédia. L’iPhone, l’iPad, les téléphones Nokia et Motorolla, les consoles de jeu Wii et Xbox, les ordinateurs Dell, HP et bien d’autres, ce sont eux. En 2012, Foxconn emploierait près de 1,3 millions de personnes, autant de petites mains qui ont rendu possible la création de l’iPad 3.

Faisons un rapide saut dans le temps. En 2008, le tout premier iPad était sur les chaînes de montage de Foxconn (apprécions, au passage, la fidélité d’Apple envers son douteux sous-traitant). Plusieurs ouvriers chinois ont témoigné avoir travaillé durant 6 mois pendant près de 12h par jour, avec seulement un jour de repos tous les 13 jours, et sans aucune pause. En théorie, la loi chinoise prévoit un maximum de 36 heures supplémentaires par mois, mais durant cette période, une moyenne de 120h a été observée dans la région du Guanlan. Ces chiffres et bien d’autres insanités sont rapportés par les militants Hong-kongais de SACOM (www.sacom.hk).

Ceci peut sembler moche, mais ce n’est que l’apéritif, le meilleur était à venir, puisque les nombreux sites de Foxconn ont connu des vagues de suicides, notamment en 2010. Bien heureusement, la direction de Foxconn est aussitôt intervenue en convoquant des moines, pour qu’ils exorcisent l’esprit malin des usines (véridique). Parions que l’origine du mal n’est pas à trouver dans les méthodes de management inhumaines, qui humilient les employés en leur faisant copier des centaines de fois les citations du grand patron, Terry Gou, punition que l’on peut qualifier de gentillette en comparaison des passages à tabac opérés par les agents de sécurité des campus ou les interdictions de parler, bouger, rire ou s’assoupir à son poste de travail. Rien à voir non plus avec le fait de parquer dans des dortoirs minuscules des ouvriers en prenant soin de ne pas regrouper ceux qui viennent des mêmes régions (pour le moral c’est mieux d’être isolé). Vous avez dit esclavage ?

N’exagérons pas, les ouvriers sont quand même payés. Bon, souvent en-dessous du salaire minimum, qui est déjà dénoncé comme insuffisant pour subvenir à des besoins normaux… Bien entendu, d’aucun rétorqueront qu’Apple n’y est pour rien, pourtant c’est bien cette entreprise qui a fixé le quota d’heures hebdomadaires maximal à 60 alors que la loi chinoise prévoit ce maximum à 49. C’est ce qui s’appelle faire dans le social ! Pour 2012, Apple et Foxconn, bons princes, ont promis des améliorations de salaires et des diminutions de temps de travail, d’ailleurs les ouvriers chinois y croient tellement que 150 d’entre eux ont menacé de se jeter d’un toit en début d’année, avant d’être redescendus par l’encadrement, et 200 autres ont fait la même chose à Wuhan (ligne de production Xbox). Un signe d’amélioration, probablement…

Et pendant ce temps-là, en Occident, des millions d’Apple maniaques se ruent sur l’iPad 3, ignorant ou préférant ignorer qu’il est fait de sang et de larmes. Il semble que 94% des détendeurs d’iPhone soient prêts à en changer lorsque le 5 sortira cet été. La consommation futile des uns est la souffrance et la mort des autres. Quand arrêtera-t-on d’acheter les merdes inutiles d’Apple ?

Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT

Émission de radio sur Anonymous, les hacktivistes et la liberté sur Internet

Voici l’émission Le monde merveilleux du travail du 2 avril 2012 sur Radio Libertaire (89,4Mhz FM en région parisienne), animée par le Syndicat de l’industrie informatique. Le sujet est les Anonymous et autres hacktivistes et les libertés sur Internet (avec un détour sur la propriété intellectuelle).

Le_monde_merveilleux_du_travail.2012-04-02

Informaticiens en batterie

« Le savoir n’est plus valorisé » explique François, pourtant chef de projet chez Safran Engineering Services, un sous-traitant d’Airbus. En effet la majorité des informaticiens sont employés dans des sociétés de services en ingénierie informatique (SSII) ou des agences web. Ces entreprises sont elles des pépinières de génies ? Non car « le métier d’ingénieur en SSII est dévoyé […] Il se résume à de basses œuvres techniques, souvent répétitives […] et démotivantes, car on n’a aucun pouvoir de décision ». En effet le pouvoir de décision est confisqué par la force de vente (managers et commerciaux), avec pour effet pervers de faire passer la créativité après la rentabilité.

Car l’objectif premier des SSII, grande « réussite » de l’industrie française, est la rentabilité financière. La réduction des coûts est leur obsession. Les SSII prêtent des informaticiens à leurs clients, ces derniers profitant d’employés low-costs ne bénéficient d’aucun des avantages de l’entreprise dans laquelle ils sont dépêchés (comités d’entreprise, crèche d’entreprise, restauration, etc.). De plus, les SSII n’envoient pas forcément chez leur client un spécialiste. Priorité est donnée à leurs informaticiens en « intercontrat » c’est à dire qui ne sont actuellement pas délégués chez un client.

Dernier exemple en date de cette logique financière : La suppression de 1300 postes en Europe par Logica dans le but (publiquement assumé !) de hisser la marge au dessus de 6,5% du chiffres d’affaires au second semestre 2012.

Voilà la réalité du travail d’une grande majorité d’informaticien aujourd’hui. Pour inverser le rapport de forces entre managers/patrons et informaticiens, se syndiquer est une solution !

Dans nos secteurs (informatique généraliste, web, webdesign, sécurité, etc.), nous sommes exposés, parfois formatés, ou compressés ; mais ensemble nous pouvons résister.

GEEKS DE TOUS LES PAYS, SYNDIQUEZ-VOUS !

Syndicat de l’Industrie Informatique – CNT

Citations extraites de l’article homonyme de Nicolas Séné du Monde Diplomatique de mai 2011.

Rassemblement Anonymous !

Rassemblement samedi 10 mars à partir de 14h devant le centre Georges Pompidou, contre les lois liberticides sur Internet !

Communiqué Anonymous :

Anonymous vous invite à prendre connaissance des premières informations concernant une opération qui sera menée dans les prochaines semaines. L’objectif : s’unir et protester contre les lois liberticides et les menaces qui pèsent actuellement sur la neutralité du réseau en France et dans le monde (Hadopi, Loppsi, ACTA, SOPA/PIPA, IPRED, ARJEL…).

Une manifestation de rue, pacifique et festive, va être organisée à Paris prochainement pour attirer l’attention des citoyens sur les agissements des gouvernements et de certaines entreprises qui violent nos droits et libertés fondamentales (expression, réunion, association, information), exerçant ainsi une censure illégitime sur certains contenus et services d’Internet.

Nous appelons toutes les personnes qui souhaitent défendre Internet en tant que zone libre et indépendante, préserver l’anonymat, protéger la liberté de s’exprimer, de partager et de publier, à répondre à notre invitation. Rappelons aux pouvoirs qui croient nous représenter ou décider à notre place que nous, le peuple, sommes souverains, libres et responsables.

Parce que nous sommes tous des citoyens à la fois usagers et acteurs d’Internet, que des lois comparables à des dispositifs de contrôle parental nous prennent pour des enfants, des criminels, des pédophiles, des nazis ou des terroristes, nous vous donnons rendez-vous ici pour découvrir prochainement plus de renseignements sur la date et le lieu exacts de l’opération Anonymact.

Il faut défendre notre anonymat sur Internet parce que notre liberté ne doit pas être surveillée par des puissances elles aussi anonymes mais non légitimes. Parce que notre liberté ne doit pas être entravée par des lois absurdes et intéressées, aussi couteuses qu’inefficaces. Parce qu’Internet doit rester notre espace public.

Masqués, déguisés, maquillés, travestis, anonymes ou non, nous appelons tous les Pirates, Nerds et Geeks, Pedobears, Amateurs de Torrents, Hacktivistes, Militants des Droits de l’Homme, Citoyens désireux de défendre leur Liberté, Ressortissants ou Migrants de pays où l’Internet est censuré et filtré, Ouvriers du capitalisme cognitif, Opérateurs et Plateformes Alternatives, LOLcats, Informaticiens et Développeurs, Défenseurs du LULZ, Blogueurs, Libristes, Kopimistes, White Hats, Webdesigners, Gamers et soi-disant « No-Life », Etudiants, Passionnés, Professionnels, Amateurs, Utilisateurs, Experts… faisons descendre le web dans la rue et montrons aux censeurs que nous ne sommes pas ce qu’ils disent que nous sommes, car nous sommes tous Anonymous et que nous sommes légions.

http://anonymact.fr/